Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1085

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grasse sur une lame de verre peu épaisse. Il faut que le verre soit à peine terni, et il faut promener le doigt toujours dans le même sens, par exemple de la droite vers la gauche ou de haut en bas. Il suffit que le doigt ait touché la cire, pour qu’il puisse produire le ternissement par filets dirigés dans le même sens. Alors, en regardant une bougie au travers, il se produit une bande de lumière blanche transversale à la direction des filets. Si l’on a fait la même opération en deux sens sur les deux faces du verre, on obtient une croix à quatre branches par les deux bandes lumineuses qui se croisent devant l’œil.

On tire de Ceylan une pierre verdâtre, — traversée par des filets d’amiante blancs, — qui Porte le nom d’œil-de-chat, et qui est taillée en cabochon très relevé. On y voit une bande flottante qui provient du reflet de la lumière sur les filets de l’amiante. En général, dans ces accidens curieux de lumière qui font des pierres exceptionnelles ou d’affection, il faut que la couleur des bandes astériques contraste le plus possible avec le ton du reste de la pierre. En faisant rayer par des traits croisés une simple cornaline, j’avais obtenu une belle croix blanche sur un fond rouge. S’il y avait eu des traits en trois sens, on eût obtenu une étoile à six branches. Dans les minéraux, ce caractère astérique est très précieux, parce qu’il décèle la forme primitive de la substance qu’on examine, et je répète qu’en regardant au travers de la pierre convenablement taillée, et non par reflet, on trouve des bandes astériques dans un très grand nombre de minéraux cristallisés.

On emploie beaucoup dans les arts une poussière très dure, qui porte le nom d’émeri, et qui sert à user les corps résistans que l’on promène sur une plaque couverte de cet émeri, en les pressant plus ou moins. Cette substance est une espèce de corindon ou saphir contenant une assez grande quantité de fer qui s’est substituée à l’alumine au moment de la formation de la pierre. Au reste, cette substitution est assez habituelle dans la chimie et la minéralogie. On prétend qu’à force de patience les Chinois arrivent à tailler le diamant avec la poudre de corindon. L’ouvrage doit avancer bien lentement, car le corindon ou saphir grossier est bien peu dur par rapport au diamant ; c’est comme si l’on voulait aiguiser un instrument d’acier en le frottant sur du papier ou sur du linge. Au reste, si la patience industrieuse peut faire des miracles, c’est aux Chinois que ce don est réservé.

Nous mettrons après le saphir l’opale, que nous envoient la Hongrie et le Mexique. Les opales de Hongrie sont bien supérieures pour la variété des teintes, et n’ont pas, comme celles du Mexique, l’inconvénient de se détériorer avec le temps. Il y a quelques années, l’opale était pour le prix supérieure au saphir, mais ce haut prix a