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les plus précieuses avec les matières les plus communes, nous dirons que la terre glaise appelée alumine en chimie, et le caillou blanc ou cristal de roche appelé silice, forment la base de toutes les gemmes. L’opale est du caillou avec de l’eau; la topaze joint un peu d’acide fluorique à la silice et à l’alumine; l’émeraude, la chrysolite, l’aigue marine, la tourmaline et l’euclase contiennent un élément autre que la silice et l’alumine, savoir la glucine; enfin le grenat est tellement ferrugineux, qu’il agit sur l’aiguille aimantée. Le zircon, pierre peu estimée en France, a pour base une terre particulière du nom de zircone.

Comme accessoire du rubis, nous mentionnerons une pierre rouge moins riche en couleur, et plutôt rose que rouge, qui porte le nom de rubis spinelle. La forme cristalline du spinelle diffère de celle du rubis oriental, qui est une baguette à six pans coupée carrément aux deux bouts, tandis que le spinelle, comme le diamant, a la forme d’une double pyramide. Le nom de rubis balais a été aussi donné à une pierre du Mogol, que plusieurs auteurs regardent comme un vrai rubis oriental moins riche en couleur. Les anciens n’avaient pas le mot de rubis. Ce nom est remplacé dans Pline par celui d’escarboucle (carbunculus'', charbon ardent). Ovide et les poètes se servent du mot de pyrope, qui veut dire couleur de feu,

Flammas imitante pyropo.


Aujourd’hui ce mot peu usité d’escarboucle se donne parfois à des rubis d’une dimension et d’un prix considérables. Évidemment Pline a confondu le rubis indien avec le grenat, qui est partout.

Certains rubis taillés en portion de sphère, — forme qu’on appelle calotte sphérique, goutte de suif, ou cabochon, — présentent au milieu de leur teinte rouge une étoile blanche à six rayons qui, sur la pierre, change de position avec l’œil, et forme au soleil un beau spectacle de contraste. Cet effet se nomme astérie. On le retrouve dans le saphir, parent très proche du rubis, composé comme lui d’alumine, et comme lui coloré par le fer, mais qui en diffère seulement par sa couleur, laquelle est bleue, tandis que celle du rubis est le rouge le plus pur et le plus vif.

Après le rubis, on doit placer l’émeraude, dont Pline dit qu’aucune gemme n’a, pour la couleur, un aspect plus agréable. Cette belle pierre, qui nous vient du Pérou et de la Nouvelle-Grenade, est fort tendre, car elle raie à peine le cristal de roche. On la trouve en beaux cristaux d’un vert admirable implantés et produits au milieu d’un grès blanchâtre, sans qu’on puisse admettre autre chose que l’électricité comme cause d’un pareil dépôt au milieu d’une pierre tout à fait étrangère à l’émeraude pour la nature comme pour la