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Le quatrième comprend la péninsule ibérique, c’est-à-dire l’Espagne et le Portugal, toute l’Europe centrale, ou la plus grande partie de l’empire d’Autriche, la Prusse proprement dite, le Hanovre, les deux Mecklembourg, et les états du Nord, c’est-à-dire le Danemark et la partie cultivable de la péninsule scandinave. L’étendue totale de ce groupe est de 200 millions d’hectares, et la population moyenne de 40 habitans par kilomètre carré. Le sixième et dernier est formé par l’Europe orientale, comprenant la Turquie et la Russie d’Europe, dont L’immense étendue (500 millions d’hectares) ne compte que 15 habitans sur la même surface. La Belgique en a dix fois plus.

Il est sans doute étrange de placer sur la même ligne l’ardent Portugal et le froid Danemark ; la vérité le veut ainsi. La production de ces deux pays ne se compose pas des mêmes élémens ; mais dans l’ensemble elle est égale, c’est-à-dire un peu plus de moitié de la nôtre. L’Espagne et le Portugal ont envoyé des maïs, des vins, des légumes secs, des huiles, qui font regretter que ces régions favorisées du soleil soient si délaissées par le travail. L’Espagne y a joint des laines de son ancienne race mérine, la souche de toutes les races à laine fine de l’Europe ; mais soit que les moutons espagnols aient dégénéré, soit qu’ils n’aient eu d’autre tort que de rester stationnaires pendant que leurs descendans étrangers s’amélioraient, ces laines ne peuvent plus soutenir la comparaison, ni avec les nôtres, ni avec celles de Saxe et de Bohême. La Prusse proprement dite n’a fourni que peu de produits, qu’elle a abrités sous le grand nom de Thaer, fondateur de l’institut agricole de Mœglin, dans les sables du Brandebourg. L’Autriche a fait beaucoup plus ; c’est après la France l’état qui a pris la plus grande part à l’exposition, ses vins surtout forment une pyramide qui frappe tous les yeux.

Quand on examine cette belle exposition de la monarchie autrichienne, qui comprend la Lombardie et la Bohême, deux des plus riches pays du monde, et qui contient en même temps des régions aussi fertiles que la Hongrie, on s’étonne que le développement agricole moyen n’y soit pas plus avancé. Elle aussi possède tous les climats, et si l’agriculture y était partout aussi florissante qu’à ses deux extrémités, elle pourrait nourrir cent millions d’habitans. Elle n’en a pourtant pas plus que la France, bien que son étendue soit très supérieure. Si l’on en juge par les exemples que nous avons sous les yeux, il y règne aujourd’hui une grande émulation. L’aristocratie, qui possède d’immenses terres, paraît avoir l’ambition de marcher sur les traces de la grande propriété anglaise, et à côté des écoles impériales d’agriculture figurent sur la liste des exposans les noms des plus grands seigneurs.

L’empire ottoman, plus vaste encore que l’empire d’Autriche, n’est