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caractères. Une des avoines exposées, la blanche de Tartarie, a donné 80 hectolitres à l’hectare. Toutes ces plantes se distinguent par la force et la longueur de la paille en même temps que par la beauté de l’épi ; il est regrettable qu’on n’ait pas pu montrer aussi les racines : nos cultivateurs auraient vu à quelles profondeurs elles descendent dans un sol suffisamment ameubli.

Parmi les graines fourragères, celle qui figure au premier rang est le ray-grass ou ivraie d’Italie, lotium italicum. La vogue de cette plante fait toujours des progrès en Angleterre et en Écosse, on en raconte de plus en plus des prodiges. On en a vu, dit-on, qui, coupée six fois dans une année, avait, à chaque coupe, quatre pieds anglais de haut, ce qui fait vingt-quatre pieds en tout. Dans une réunion agricole, M. Caird, l’auteur des Lettres sur l’agriculture anglaise publiées par le Times, ayant affirmé que, dans la ferme de Meyer-Mill, le ray-grass d’Italie avait produit jusqu’à 25 tonnes de foin sec par acre d’Écosse ou 50,000 kilos par hectare, on a crié à l’impossible, même en Angleterre ; vérification faite, il s’est trouvé que si l’assertion n’était pas complètement exacte, elle n’était pas non plus très exagérée. Qu’il y ait un peu de légende dans tout ceci, c’est possible ; mais pour que les Anglais et les Écossais, qui sont gens positifs, s’enthousiasment comme ils le font, il faut qu’il y ait aussi beaucoup de vrai. Ajoutons que, pour obtenir ces beaux résultats, l’arrosage avec l’engrais liquide est nécessaire.

Ce ray-grass laisse bien loin derrière lui tous les fourrages. Cependant, comme il ne peut pas être cultivé partout, nous trouvons dans la collection les autres plantes moins exigeantes qui composent encore la plus grande partie des prairies anglaises, tant naturelles qu’artificielles. Tels sont le trèfle, assez estimé pour que l’un des trois royaumes, l’Irlande, l’ait choisi pour emblème ; le ray-grass ordinaire, lotium perenne, qui forme les célèbres gazons anglais et qui n’a pu être dépassé que par son frère d’Italie ; le Thimothy grass, qu’on appelle chez nous la fléole des prés ; le fiorin ou agrostis stolonifère, etc. Tout cela sans doute n’est que du foin, et on s’étonnera que, dans une exposition des merveilles de l’industrie, les Anglais aient imaginé de donner une place à ces humbles herbes que nous foulons aux pieds ; mais ces herbes qui viennent partout, mêlées à d’autres inutiles ou nuisibles, ils les ont choisies, triées, fortifiées, transformées par la culture ; ce foin, c’est pour eux de la viande, de la laine, du lait, du fumier, du blé, et par conséquent de la population et de la puissance.

Les turneps, les pommes de terre, les féverolles, quelques betteraves champêtres, complètent la série. Est-ce là tout ? Oui, sans doute. Quoi ! pas une plante industrielle ? Pas la moindre. Ni