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LE


GOUVERNEMENT DES TSARS


ET


LA SOCIETE RUSSE




LA RUSSIE JUSQU'A L'AVENEMENT DES ROMANOF.





Louichi za gravitsa !
C’est mieux par-delà la frontière. (Locution russe.)


Les Russes accusent volontiers d’ignorance et de légèreté tout étranger qui essaie de juger leur pays. « La Russie est, disent-ils, et nous ne faisons que citer textuellement un fonctionnaire russe[1], la Russie est un pays très difficile à connaître et à juger. Il faut y avoir vécu et l’avoir longtemps étudié pour bien saisir les causes de chaque fait qui se présente à l’œil de l’observateur et les conséquences qu’on en peut déduire. La rapide croissance de cet empire, l’origine de sa grandeur, les élémens dont il se compose, ont créé un état de choses tout à fait particulier, propre à ce pays… Après avoir secoué le joug des Tartares, la Russie est entrée dans la carrière de la civilisation avec un immense amas de ressources et de forces vitales qu’il s’agissait de développer. Le pouvoir absolu, qui en était une conséquence et une condition essentielle d’existence…, est devenu, par la force des choses, le moteur de tout progrès. »

Il y a dans ce peu de mots, comme dans tout ce qui émane de la

  1. M. Tegoborski, répondant dans cette Revue même à M. Léon Faucher ; voyez la livraison du 15 novembre 1854.