Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/664

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES PHARES


ET DE


LA LUMIERE ARTIFICIELLE





Phare au rouge éclair,
Que la brunie estompe !

(VICTOR HUGO)
Fiat lux !
(Créons de la lumière!)


Il y a loin des belles recherches de Fresnel qui ont donné les phares français à l’humanité entière, il y a loin de ces méditations savantes au travail rustique de l’homme de Virgile qui dans les longues veillées d’hiver pratique avec un fer tranchant des entailles à un bois résineux pour en faire des torches

Et quidam seros nocturni ad luminis ignes
Pervigilat, ferroque faces inspicat acuto.


Il y a loin des copeaux de sapin qui brûlent encore aujourd’hui en Islande et en Sibérie, pour éclairer de misérables huttes, au phare de premier ordre que l’administration française, sous la direction de M. Reynaud, a établi dans une tour de grandeur naturelle au milieu de toutes les merveilles de l’exposition universelle. Tout nous prouve, il faut le répéter, que l’état physique du monde actuel est de date très récente. Par la petite quantité de matériaux que les fleuves ont jusqu’ici roulés à la mer et d’après la quantité qu’ils en portent chaque année, on conclut qu’il n’y a que peu de siècles que leur cours a commencé et s’est établi tel que nous le voyons. Les plantes et les insectes n’ont pas encore eu le temps de se disséminer sur toutes les régions qu’ils devront occuper plus tard. Chaque jour, la nature et