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définition. Le poids? Quelques-uns sont plus légers que l’eau. La dilatabilité ? Mais plusieurs, le platine par exemple, sont moins dilatables que bien d’autres substances. L’opacité? L’or lui-même, le plus dense de tous les métaux, réduit en feuilles par le batteur d’or, laisse passer des rayons lumineux qu’il colore en vert. Ces feuilles sont très minces, il est vrai, car la malléabilité de l’or est très grande; il en faudrait superposer plus de dix mille pour former une épaisseur de 0m,001; mais l’expérience n’en prouve pas moins que l’or est translucide. Enfin l’odeur et la saveur, que quelques personnes seraient tentées de regarder comme nulles à cause de l’insolubilité des métaux, ne sont pas même des caractères, car si l’or, l’argent et le platine sont inodores et insipides, le cuivre, le fer, le zinc, l’étain, acquièrent par le frottement une odeur et une saveur connues de tout le monde. Toutes les bases de notre définition sont donc successivement ébranlées, et l’on pourrait ajouter que certaines substances, qui ne sont probablement pas des métaux, y sont comprises aussi bien que l’argent, le fer et le zinc. Ainsi l’arsenic est solide, dur, brillant, quelque peu malléable, et dans les traités de chimie d’il y a trente ans, il est placé au nombre des métaux. L’iode est brillant et a la couleur et l’éclat du plomb; le bore est dur; enfin le diamant lui-même offre une partie des propriétés énumérées dans la définition.

Ainsi la physique ne nous donne aucun moyen de définir les métaux; l’aspect extérieur ne nous permet pas de les distinguer de certaines autres substances et d’en déterminer l’essence. Aucune de leurs qualités ne parait constante, et quelle que soit la règle que l’on pose, toujours on trouve des exceptions. Irons-nous plus loin, et chercherons-nous si leurs propriétés chimiques sont plus tranchées et peuvent faire disparaître la confusion que les découvertes nouvelles ont amenée? Tous les métaux sont des corps simples. C’est là une qualité importante sans contredit. Ils ne sont composés que d’une seule espèce de matière, laquelle n’existe pas indépendamment du métal. De quelque façon qu’on les divise, à quelque réactif qu’on les soumette, ou ne peut jamais en extraire que des parties de métal qui varient avec le métal étudié, mais qui sont toujours identiques dans chaque métal. Ainsi, dans l’état actuel de nos connaissances, tous les atomes qui forment une masse de cuivre sont du cuivre, tous ceux d’une masse d’argent sont de l’argent, etc. Les métaux peuvent s’allier ensemble ou s’amalgamer avec le mercure : les pièces de monnaie par exemple sont formées de cuivre et d’argent, ou de cuivre et d’étain; le laiton est un alliage de zinc et de cuivre, les caractères d’imprimerie a composés de plomb et d’antimoine, le tain des glaces est un amalme de mercure et d’étain, le maillechort est un alliage de cuivre, zinc et de nickel, etc. Néanmoins tous les métaux proprement