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des dates assez éloignées, 1820 et 1840 ; depuis lors, on est réduit à des documens particuliers. En 1820, le mûrier n’était cultivé que dans dix-huit département; en 1840, cette culture s’était étendue à douze autres, mais il n’y a en réalité que quatre départemens où elle atteigne un chiffre de quelque importance, et mérite qu’on s’y arrête. Ils sont situés tous les quatre sur les rives du Rhône, deux à droite, le Gard et l’Ardèche; deux à gauche, la Drôme et Vaucluse. Après ceux-là viennent en ordre utile : l’Hérault, l’Isère, les Bouches-du-Rhône et le Rhône; le reste est insignifiant. En 1840, le Gard affectait; à cette culture 15,000 hectares environ et y récoltait 2,096,281 kilogrammes de soie; la Drôme obtenait 2,585,000 kilogrammes sur 6,212 hectares, l’Ardèche 1,785,121 kilogrammes sur 5,602 hectares, le Vaucluse 660,600 kilogrammes sur 3,985 hectares, l’Hérault 1,248,972 kilogrammes sur 2,592 hectares. Il faut citer ces chiffres sans toutefois s’en porter garant. Évidemment celui qui est assigné au département de Vaucluse pour sa production en kilogrammes n’est point en rapport avec le nombre d’hectares attribué à la culture, et il y a ici une de ces erreurs dont les statistiques administratives ne sont pas plus exemptes que les autres statistiques. Il en est de même pour les évaluations des produits, que semblent démentir les données les plus superficielles. D’après ces tableaux, en effet, la production ne se serait élevée qu’à 42 millions de francs environ sur l’ensemble du territoire, tandis qu’on estime aujourd’hui à 140 millions de francs les soies que l’agriculture livre à nos fabriques, et à 110 millions celles qui leur arrivent de l’étranger. Or, quels que soient les progrès faits depuis 1840, il est impossible d’y voir la justification suffisante de cet écart.

Ce qui contribue à rendre ces chiffres plus suspects, c’est la belle figure que fait à l’exposition universelle l’industrie de la soie. Il est à croire que beaucoup de manufactures n’y sont pas représentées, et que là aussi il y a des vides. Cependant les soies et soieries n’y comptent pas moins de 966 exposans, sur lesquels le contingent de la France est de 521. La Suisse vient ensuite avec 94 exposans, l’Autriche avec 86, la Prusse 49, les états sardes 37, l’Angleterre 35, l’Espagne 30, la Toscane 30, les états pontificaux 12, le Portugal 9, l’Algérie 8, la Grèce 8. Dans ce nombre, il est vrai, sont compris la matière première et les tissus fabriqués; mais en décomposant ce chiffre et en faisant la part isolée de la filature et de l’ouvraison, on trouve encore 15 exposans pour les instrumens mécaniques et 173 exposans pour les soies grèges ou moulinées. Certes c’est là une légion imposante, et quand on songe que la vogue est aux grandes usines, il est impossible de réduire ce travail aux termes que constate le document officiel.

Comment se reconnaître au milieu de tant de richesses?