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UNE


ACADEMIE DE ROMANCIERS


EN ALLEMAGNE





Sammelung auserlesener Original-romane, herausgegeben von Otto Müller. — I. Afraja, von Théodore Mügge. — II. Charlotte Ackermann, von Otto Müller. — III. Der Dunkelgraf, von Ludwig Bechstein. — IV. Der Sonnenwirth, von Hermann Kurz. — V. Die Freimaurer, von Gustav Kühne. — VI. Die Familie Ammer, von Ernst Willkomm; 6 vol. Francfort 1854-1855.





Un symptôme inquiétant, et qui se manifeste à un égal degré dans toutes les littératures de ce temps-ci, c’est la dissémination des forces intellectuelles. Interrogez les peuples chez qui se concentre aujourd’hui le travail de la pensée, l’Allemagne, l’Angleterre et la France vous donneront le même spectacle. Combien est-il d’écrivains qui se possèdent tout entiers, et qui, sans dévier à droite ou à gauche, sachent marcher résolument vers un but fixé d’avance ? Quand la volonté ne vient pas en aide au talent, on n’échappe guère aux distractions de la route. En vain a-t-on reçu du ciel les facultés les plus heureuses, la dissipation les énerve, et la fleur se fane avant de s’être épanouie. C’est ainsi que tant de jeunes esprits surgissent, et se pressent, et se remplacent si promptement les uns les autres; il en est qui se lèvent, joyeux, triomphans, comme s’ils allaient cueillir le rameau immortel, et déjà le souille manque au vainqueur : le premier succès a épuisé ses forces. A voir tous ces noms d’écrivains, tous ces titres d’ouvrages enregistrés avec sympathie par la critique, il semble qu’on assiste à un grand mouvement littéraire, et que cette abondance de talens et d’œuvres atteste en nous la sève qui fait les