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Sur notre propre territoire, une compensation nous sera offerte par la récolte des pommes de terre, dont la très belle végétation a produit des tubercules très farineux et d’excellente qualité. Sur ce point encore, les cultivateurs ont conçu de grandes espérances, auxquelles ont succédé de nouvelles alarmes; heureusement leurs premières impressions se sont trouvées en général bien fondées. Le fait qui a provoqué ces émotions en sens contraire est digne d’être noté dans l’histoire de la maladie spéciale de cette plante. Le ralentissement occasionné par le froid dans l’activité de la végétation parasite et la vigueur extraordinaire de la précieuse solanée sous l’influence d’une température très favorable avaient semblé, en beaucoup d’endroits, lui promettre une sorte d’immunité jusqu’au moment de la maturité de ses tubercules. Ce fut alors que tout à coup les fanes (tiges et feuilles), flétries et devenues en quelques instans jaunâtres, puis brunes, annoncèrent l’invasion du fléau. Déjà de toutes parts, dans les réunions agricoles comme dans les recueils spéciaux, la fâcheuse nouvelle s’était répandue, lorsqu’on s’avisa d’examiner les tubercules, et qu’ils parurent sains[1]. La récolte des pommes de terre saines sera donc généralement plus abondante qu’on ne l’avait espéré. À cette ressource s’ajoutera la production, abondante aussi, des graines légumineuses, fèves, pois, haricots, etc. ; on pourra employer encore les portions disponibles de nos belles récoltes de

  1. Plusieurs agriculteurs, notamment M. Darblay, notre collègue de la Société centrale, voulurent bien m’adresser des plantes entières avec leurs tiges et tubercules adhérens, les unes attaquées fortement, les autres complètement épargnées dans les parties aériennes de la végétation, et je constatai que dans les unes et les autres les portions souterraines étaient exemptes de toute atteinte : les émanations du parasite, sans doute entravées dans leur marche descendante par la brusque dessiccation des tiges extérieures, n’avaient pu pénétrer dans la masse du tissu et détruire la fécule.