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plantes étrangères dites mauvaises herbes. Les récoltes laissent par leurs débris un très utile auxiliaire en engrais végétal : d’ailleurs l’arrachage et les labours profonds accroissent la puissance du sol. On parvient ainsi à compenser, et bien au-delà, la faible fumure que peut procurer la jachère en absorbant par un sol en repos et une végétation spontanée les gaz et l’azote de l’atmosphère transformés en matières organiques que les labours enfouissent ultérieurement dans le terrain. Dans de telles conditions, il n’est pas rare d’obtenir, comme chez MM. Gouvion et Baillet de Denain (Nord), Crespel-Delisse, Decrombecque, d’Arras et Lens (Pas-de-Calais), 40 hectolitres de blé, pesant 3,080 kilos, sur 1 hectare. C’est encore ainsi qu’on a obtenu chez MM. Dailly, à la ferme de Trappes (Seine-et-Oise), Hette, ferme de Bresle (Oise), de 22 à 25 hectolitres, en Angleterre, dans les meilleures cultures, 30 hectolitres, et en moyenne 21 hectolitres. Cependant, il faut en convenir, le plus grand nombre de nos départemens récoltent beaucoup moins que ces localités sans descendre aussi bas toutefois que les moyennes des cultures du Lot, de la Lozère, du Cantal et de la Dordogne, qui donnent seulement par hectare 5 hectolitres environ de blé, pesant ensemble 416 kilos.

Le système des cultures sarclées, poussé trop loin, devrait sans doute cesser d’accroître les quantités de froment récoltées en France, et ce moment parait être arrivé dans les départemens du Nord et du Pas-de-Calais, où depuis longtemps déjà la culture de la betterave revient une année sur deux dans un grand nombre d’exploitations rurales. Celles-ci toutefois peuvent à peine suffire en ce moment à la consommation de ces racines dans les sucreries et les distilleries. Plusieurs économistes ont exprimé de vives appréhensions à cet égard, et cependant, vérification faite, il s’est trouvé que dans ces départemens la production de la viande et du blé s’était considérablement accrue depuis l’introduction et les progrès remarquables des sucreries indigènes. On développerait beaucoup plus encore la production du blé à l’aide d’un assolement mieux entendu, qui ne ramènerait la betterave qu’à des intervalles de trois ou quatre années dans les mêmes champs. Déjà l’on est entré dans cette bonne voie : il en doit nécessairement résulter que la culture de la plante saccharifère s’étendra davantage vers les autres départemens. Comme dans le Nord et le Pas-de-Calais, elle augmentera dans ces localités le nombre des bestiaux nourris et engraissés dans les grandes exploitations agricoles et manufacturières, et par suite, en répandant des masses d’engrais, en nécessitant des labours profonds, elle accroîtra la puissance et la fertilité du sol.

Parmi les moyens de rendre certaines contrées plus fertiles et d’accroître ainsi la production du blé, on doit citer en première