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pas été complètement établie. Ce n’est pas tout à fait ce que lord John Russell avait indiqué, ce qu’à la chambre des pairs lord Grey avait réclamé avec beaucoup de force et de solidité. L’autorité sur le personnel de l’année est dans une main; l’emploi de l’armée et la guerre sont dans une autre; l’intendance militaire reste au trésor. Le commandant en chef, lord Hardinge, passe pour l’homme de guerre le plus instruit de l’Angleterre; il s’est fait beaucoup d’honneur comme gouverneur de l’Inde, où il a dirigé l’armée sans la commander, et beaucoup de personnes ont regretté qu’il n’eût pas été nommé général en chef de préférence à lord Raglan. Malheureusement il représente les traditions de l’ancienne armée et de l’ancienne politique, et l’on s’accorde à penser que sous la longue dictature du duc de Wellington aux horse guards, l’esprit d’immobilité y avait pris racine. M. Fox Maule, qui n’a servi qu’avec un grade peu élevé dans les highlanders, s’est bien acquitté de diverses fonctions politiques et mérite la plus grande estime; mais lorsqu’il échangea son nom contre le titre de lord Panmure, on disait que sa santé l’éloignait de la vie active. Il est représenté à la chambre des communes par son sous-secrétaire d’état, M. Frédéric Peel, le second fils de sir Robert, peelite apparemment, mais du côté libéral, qui se défend avec fermeté et précision, mais qui ne parait pas fort amoureux des innovations. Toutefois, il faut dire que sous l’administration actuelle, les plaintes sur l’état de l’armée expéditionnaire ont cessé. Le passé seul motive celles qui durent encore, et c’est une première circonstance qui diminue l’intérêt et l’à-propos des projets de réorganisation dont on les accompagne.

Voilà donc comment ce que nous avons nommé la seconde question a été résolu. Dans le premier moment, on n’a point été satisfait, mais on a peu réclamé. Il y avait nécessité de laisser faire le nouveau cabinet, car il était le seul possible. La chambre des communes manque de candidats nouveaux aux fonctions de gouvernement. La force des choses poussait lord Palmerston au premier rang. La nationalité de sa politique, son expérience, sa capacité, sa manière pleine de confiance et d’entrain, sa merveilleuse aptitude au travail, un certain isolement habilement conservé au milieu des grands partis politiques, tout le désignait pour la haute mission qu’il acceptait et lui donnait des facilités singulières pour la remplir. Il n’est pas sûr qu’il ait usé de toute la force qu’il tenait des circonstances, et que son pouvoir n’ait pas excédé sa volonté; mais quoi qu’il ait fait, il a été approuvé, et il devait l’être. L’opinion ne lui a pas demandé un compte trop rigoureux du choix de ses collègues; on sentait combien peu ce choix était libre. Enfin l’opposition elle-même, pour se créer un terrain d’attaque, pour donner aux