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statistique, les fonctions d’enumerators; 3° à confier au commis du Board le soin de réunir et de classer les informations émanées des diverses paroisses qui dépendent de l’union. L’ensemble de ces documens serait ensuite transmis au ministère du commerce par l’intermédiaire du Poor-Law Board.

Ce système ne proscrit pas les commissions locales; le comité s’empresse même, dans son rapport, de reconnaître les services qu’elles ont rendus lors des précédentes enquêtes; mais, prévoyant le cas où elles refuseraient leur concours, il maintient dans toutes les circonscriptions, et, s’il y a lieu, en dehors de l’action des Boards of Guardians, les emplois nécessaires pour la réunion et la classification des bulletins statistiques. Ces emplois seraient salariés; ils constitueraient dans l’administration britannique une branche nouvelle d’attributions, et ils existeraient partout, alors même que les commissions locales ne répondraient pas à l’appel qui leur serait fait. Ainsi, au lieu d’une statistique gratuite, à l’instar de celle qui a été établie en France, on aurait une statistique rémunérée, c’est-à-dire soumise à une responsabilité sérieuse, revêtue d’un caractère officiel, procédant partout avec le même esprit et dans les mêmes formes. En second lieu, il convient de remarquer que, dès la présentation du bill de 1847, le gouvernement avait reconnu la nécessité de rendre obligatoire pour les propriétaires ou les fermiers la communication des documens statistiques, et de frapper d’amende les refus de concours ainsi que les déclarations fausses ou incomplètes. Dans l’enquête de 1854, tous les témoins entendus ont affirmé que cette condition était indispensable, si l’on voulait obtenir des chiffres à peu près exacts, et le comité de la chambre des lords n’a pas hésité à proposer l’emploi de mesures coercitives.

Il résulte enfin de l’enquête anglaise que les bulletins statistiques doivent être très simples et ne comprendre que les objets indispensables : on a même critiqué, comme surabondantes et pouvant devenir la source de graves erreurs, certaines indications que l’administration de la police en Irlande a demandées jusqu’ici aux cultivateurs. Cette observation doit s’appliquer à tout travail statistique, et elle a été trop souvent perdue de vue; mais elle s’applique surtout à une statistique agricole, qui exige un grand nombre d’agens et qui ne saurait présenter d’utilité réelle qu’à la condition d’être recueillie dans un délai assez court. Quel est d’ailleurs le but de cette statistique? Le plus essentiel, sans aucun doute, est de faire connaître au gouvernement et au pays : 1° à l’époque des semences, l’étendue de sol qui est consacrée aux substances alimentaires, afin que l’on apprécie à l’avance le chiffre normal de la production; 2° après la récolte, le chiffre réel ou très approximatif de cette production, afin que l’on juge s’il y a lieu de provoquer les importations de l’étranger, et dans quelle mesure; 3° enfin les ressources que l’on possède en bestiaux. Voilà ce qu’il convient de savoir annuellement. Les congrès de Bruxelles et de Paris ne se sont pas placés au même point de vue : ils ont eu la pensée de recenser dans chaque pays les forces productives, non-seulement en ce qui concerne les denrées alimentaires, mais encore pour toutes les autres branches de culture. Les programmes qu’ils ont rédigés avec tant de soin, et qui pourraient être considérés en quelque sorte comme un modèle de classification agricole, ont une portée plutôt scientifique que pratique. En Angleterre, les plans de