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commission de la chambre des lords a rédigé, les conclusions suivantes dont elle demande instamment l’adoption définitive :

« La formation régulière des statistiques agricoles dans le royaume-uni est un objet d’intérêt national, et parmi les nombreuses classes qui seraient appelées à en profiter, ce serait la population agricole qui en retirerait assurément les plus grands avantages. Il convient qu’un acte du parlement confère à l’administration les pouvoirs nécessaires pour forcer les propriétaires ou cultivateurs à fournir les renseignemens statistiques. Le ministère du commerce doit être chargé de la direction générale du service pour la réunion des statistiques dans la Grande-Bretagne; il emploiera pour l’Angleterre les agens chargés de percevoir la taxe des pauvres, et pour l’Écosse la Société d’agriculture (Highland Society); en Irlande, le gouvernement emploiera comme par le passé les services de la police, et il se mettra en rapport avec le ministère du commerce, afin d’introduire dans les documens recueillis sur les divers points du royaume l’homogénéité désirable. On dressera chaque année deux états, l’un contenant les faits, l’autre les évaluations. L’état des faits indiquera le dénombrement du bétail ainsi que l’étendue du terrain consacré à chaque culture; il devra être préparé vers le 15 juillet : l’état des évaluations indiquera les chiffres approximatifs du produit de la récolte, et il sera dressé entre le 1er et le 30 novembre. Dans l’Angleterre et dans le pays de Galles, l’enquête ne s’appliquera qu’aux propriétés de plus de deux acres[1]. Les registres des taxes paroissiales seront mis à la disposition des agens officiels chargés de la statistique agricole. Il convient que les dépenses nécessaires pour la rédaction de la statistique soient imputées sur le budget général. »

Il ne faut pas être surpris que dans les trois grandes divisions du royaume-uni le même système n’ait pas été jugé applicable. On sait qu’en Irlande la police a été constituée de telle sorte qu’elle pourrait à la rigueur remplacer tous les services; ses nombreux et habiles agens étaient naturellement désignés aux préférences du comité pour l’exécution d’une enquête qui exige des investigations très minutieuses. En Écosse, la Société d’agriculture, connue sous le nom de Highland and Agricultural Society, exerce une grande influence; sa fondation remonte à près d’un siècle; autour d’elle se sont groupés un grand nombre de sociétés locales dont elle inspire les travaux. Les plus riches propriétaires et les principaux fermiers sont en rapports constans avec elle; enfin c’est la société Highland qui, par les soins de son habile secrétaire, M. John Hall Maxwell, a procédé, en 1853 et en 1854, aux essais statistiques dont nous avons plus haut signalé le succès. L’organisation de la statistique agricole était donc à peu près complète en Écosse, et le comité propose naturellement de conserver un mécanisme déjà éprouvé. Quant à l’Angleterre et au pays de Galles, on a pensé que l’on pourrait utilement avoir recours au Board of Guardians, chargé dans chaque circonscription ou union de suivre les opérations de la taxe des pauvres, en l’invitant : 1° à nommer dans son sein une commission statistique; 2° à faire répandre dans chaque paroisse les formules que doit remplir chaque cultivateur, et à les faire ensuite recueillir par ses agens, exerçant ainsi, pour la

  1. L’acre = 40 ares 46 centiares.