Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenue à Bruxelles en 1853, cette pensée fut inspirée par le désir d’établir une comparaison exacte entre les produits, et de ramener à une même appréciation les forces et les richesses des différentes nations. Il s’agissait donc surtout d’améliorer la statistique comparée, reconnue si défectueuse. Le but était clairement indiqué, et la composition du congrès, au sein duquel figuraient la plupart des publicistes et des fonctionnaires qui s’intéressent au progrès des travaux statistiques, permettait d’espérer que les études, entreprises en commun, ne demeureraient pas stériles. D’ailleurs, en même temps que l’on s’attachait à perfectionner la statistique comparée, on devait naturellement s’occuper de la statistique particulière de chaque état : aussi le premier soin des membres du congrès fut-il de faire connaître quelle était, dans leurs pays respectifs, l’organisation administrative de la statistique. De même, à Paris, c’est par un exposé analogue que les travaux du congrès de 1855 ont été inaugurés.

Il existe dans la plupart des pays, comme en France, un bureau spécial de statistique; mais ce bureau n’a point partout les mêmes attributions. Tantôt, ainsi que cela existe en Prusse et en Bavière, il centralise tous les renseignemens qui lui sont transmis par les différentes administrations, et il est seul chargé de les publier. Tantôt il ne recueille directement et ne livre à la publicité que les informations dont l’objet ne se rattache pas d’une manière spéciale et directe aux diverses branches de l’administration; celles-ci alors se réservent la publication des documens qui les concernent. Le dernier système est le plus fréquemment employé. En Belgique, où les travaux statistiques ont pris un grand développement, on a institué une commission centrale, qui tient lieu de bureau, et qui correspond avec des commissions provinciales.

Le congrès de Bruxelles a émis le vœu, reproduit par le congrès de Paris, que l’on créât dans chaque état une commission centrale de statistique ou une institution analogue. Cette commission tiendrait le second rang dans la hiérarchie de l’organisation statistique, le premier rang étant dévolu au congrès international qui se réunirait à des périodes déterminées, et duquel émaneraient les décisions générales, destinées à guider les recherches et les publications dans les différées pays. Le congrès de Bruxelles demandait en outre la création de fonctionnaires, de bureaux et de commissions spéciales, correspondant avec la commission centrale et lui adressant de toutes les circonscriptions les renseignemens qui ne peuvent être recueillis et vérifiés que sur les lieux mêmes. En d’autres termes, il ne s’agirait de rien moins que d’établir une sorte de direction générale, pourvue d’une armée d’agens salariés ou non, répandus sur toute la surface du pays, et se livrant à la statistique depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin.

Que l’on adopte la première partie de la proposition, à savoir l’institution d’une commission centrale dans chaque état, il n’y a aucun inconvénient. Cette commission serait en mesure de signalera l’attention publique les documens recueillis et imprimés, soit dans le pays même, soit dans les pays étrangers, et, à ce point de vue, elle pourrait rendre aux hommes d’étude connue aux administrateurs d’utiles services, car, malgré la facilité des communications et des correspondances, on ignore bien souvent l’existence de tel ou tel document officiel, où se trouvent précisément réunies les