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Mezurate, qui compte seize villages et un petit château ou casbah, servant de résidence au caïd. De là au district, de Binbelad il y a deux journées de marche. Ce district, appelé aussi Bénioulid, était autrefois beaucoup plus peuplé qu’il ne l’est, maintenant. On y voit encore cependant plusieurs villages et une tribu à tentes, les Orfila. Parmi les villages, on distingue Torba et Serar, où les Turcs ont bâti un château. On cultive l’olivier à Bénioulid avec beaucoup de profit, comme dans tous les autres districts des montagnes. Les habitans sont très ingénieux pour tirer le meilleur parti possible de l’eau des pluies, qu’ils empêchent de s’écouler trop promptement et retiennent auprès des arbres par de petites levées de terre. Les puits sont nombreux dans le pays, mais les sources y sont très rares, et les cours d’eau qui descendent des montagnes, souvent terribles dans la saison pluvieuse, sont à sec le reste de l’année.

Les plaines qui s’étendent depuis les frontières de Tunis jusqu’à Mesurate, entre les montagnes et la mer, sont coupées en deux parties à peu près égales par le méridien de Tripoli. Cette ville est située à 32° 46′ de latitude septentrionale, et à 13° 11′ de longitude à l’est du méridien de Paris. Elle occupe un promontoire dont la pointe est surmontée par un château en assez mauvais état, flanqué par des batteries médiocrement ai niées. Celle de ces batteries qui est le plus à l’est, et qui est aussi la plus considérable, est construite sur un rocher allongé qui couvre le port. De là part une longue ligne de petits îlots rapproches les uns des autres, et qui seraient une excellente digue pour ce même port, si les vides qui les séparent étaient comblés. C’est exactement la même disposition que l’on remarque à mitre mouillage de Djidjeli, que Duquesne avait jugé susceptible de devenir très bon, grâce à des travaux bien dirigés. Dans l’état actuel des choses, Tripoli et Djidjeli ne sont que de très médiocres positions maritimes.

Tripoli es ! une petite ville de dix à douze mille habitans qui n’a rien de désagréable ; elle est même assez propre et pimpante, excepté dans Le quartier des Juifs. Elle est entourée d’un mauvais mur à tours et créneaux, et n’a que deux portes ouvertes sur la campagne, très rapprochées l’une de l’autre. Près de ces portes est le château du pacha, masure hideuse à voir et à habiter. On ne peut y monter un escalier sans courir risque de se casser le cou, ni en parcourir une salle sans s’exposera tomber dans les pièces de l’étage in ! à travers Le plancher. Vol taire a plaisanté sur le pococurantisme des Italiens ; celui des Turcs passe toute imagination. Il n’y a rien qu’ils ne mettent hors de service au bout de huit jours d’usage.

Quand on est sorti de Tripoli, on a d’abord à traverser une zone