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M. Jurgenson. La province était représentée par M. Japy de Beaucourt, dont l’établissement est l’un des plus importans qui existent pour la petite horlogerie. C’est de ce village du Haut-Rhin, et d’un autre village des environs de Dieppe, nommé Saint-Nicolas d’Alliermont, que sortent la plus grande partie des ébauches de montres et des roulans de pendules, qui vont ensuite recevoir dans les ateliers des villes les pièces qui doivent les compléter. À côté de la grande et de la petite horlogerie figuraient les instrumens de précision, au nombre desquels il est juste de signaler l’objectif de M. Lerebours, le thermomètre de M. Walferdin, les instrumens d’astronomie et de géodésie de la maison Gambey, les spiraux de balanciers de montres de M. Lutz, de Genève, enfin les chronomètres de marine et les pendules astronomiques de M. Winnerl.

Il faut franchir rapidement les industries qui relèvent de la physique ou de la chimie et visent au meilleur emploi de la chaleur, de la lumière et de l’électricité. L’intérêt pourtant n’y manque pas, et le sort de nombreuses populations y est attaché. Qui se douterait qu’en Autriche seulement la fabrication des allumettes chimiques, ce modeste produit, occupe plus de vingt mille ouvriers ? Et les combustibles économiques, ce chauffage du pauvre, la houille agglomérée, le charbon végétal moulé, la tourbe condensée ou séchée ou carbonisée, n’est-il pas de quelque utilité de savoir quels services ils peuvent rendre, à quel prix on peut les céder ? — La fabrication des bougies stéariques a aussi son histoire, que domine le nom de M. Chevreul, comme son médaillon dominait l’audacieuse pyramide de M. Apollo Kherzen. M. de Milly, autre exposant, n’a pas manifesté sa reconnaissance sous des formes aussi sensibles ; mais on ne saurait douter qu’il n’en éprouve une profonde pour l’honorable auteur de tant de découvertes qui sont désormais entrées dans le domaine public. Dans l’éclairage à l’huile et au gaz, point de procédé nouveau à signaler, et pour l’éclairage électrique, quelques appareils dont il était difficile de juger le mérite. L’électricité a d’ailleurs des applications bien plus fécondes et bien mieux vérifiées, comme l’argenture par la pile, galvanique, les moteurs et les télégraphes électriques, dont le domaine est déjà si vaste et tend chaque jour à s’agrandir.

Dans les arts chimiques, il n’y a, à proprement parler, que deux inventions récentes, le caoutchouc durci, qui éloigne les appréciations sérieuses par des excès d’étalage, et l’aluminium, au sujet duquel tout a été dit ici, et très pertinemment. Pour les teintures, l’exposition était riche, en garancine surtout ; le bleu de France a été couronné dans la personne de Francillon, de Puteaux ; la préparation de la soie dans celle de M. Guinon, de Lyon ; l’impression des toiles dans celles de MM.  Gros, Odier, Roman et Koechlin frères.