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plutôt indiquée que fixée, l’industrie n’a cessé de marcher, comme le témoignent les appareils de M. Combe et de M. Windsor. Quant à la filature de la laine, aucune n’est plus active ni plus féconde ; les inventions et les améliorations s’y succèdent. C’est à nos manufacturiers que l’on doit le peignage par mèche, qui a introduit dans cette fabrication un élément nouveau, et prend chaque jour plus d’empire. Il eût été utile de rapprocher les procédés anglais des nôtres, qui abondaient à l’exposition ; mais là encore il y a eu une lacune, au moins pour les cardes et les peignes. MM. Sykes et Ogden ont seuls exposé leur machine à échardonner, qui jouit d’un certain crédit. Toutes les opérations si multipliées que subit la laine, le lavage, le suintage, le battage, le louvetage, ont des appareils qui y répondent. Il en est de même de la filature, du lissage, du foulage, qui amènent la matière au degré de perfection où elle devient propre à l’emploi et où elle se transforme, au gré de nos besoins, en tissus, en draps, en chapeaux, en ameublemens et en vêtemens de toute espèce. Quand on remonte à l’origine de ces travaux, et qu’on embrasse d’un coup d’œil cette suite de métamorphoses, on est surpris et effrayé à la fois que des objets dont on fait si bon marché aient passé par tant de mains et coûté tant de sueurs, et involontairement on se sent animé d’une reconnaissance plus profonde pour les services de l’industrie humaine.


II

Il n’a été question jusqu’ici que des instrumens de production ; le moment est venu de parler des produits ; ce que les machines ont pour objet de préparer, nous allons le voir accompli. En procédant par ordre d’importance, ce qui se présente d’abord, ce sont les tissus. Il a été calculé que les industries textiles comptaient à l’exposition de 1855 plus de cinq mille représentans, c’est-à-dire qu’elles en formaient le quart environ, si on envisage l’ensemble des établissemens qui y figuraient. Mais aussi que de branches diverses et que de variétés dans les mêmes branches ! Cotons, laines, soies, lins et chanvre s’offraient sous toutes les formes que la main de l’homme peut leur donner, depuis l’étoffe la plus modeste jusqu’aux dentelles les plus riches. Dans le coton, l’échelle partait d’un calicot à 20 centimes le mètre pour arriver au tulle broché et façonné ; dans le lin et le chanvre, de la toile à bâche à la belle batiste et au linge damassé le plus somptueux ; dans la soie, de la plus humble florence au brocard et au velours ; dans la laine, du châle français de 1 fr. 28 cent, jusqu’au châle de 1,000 fr., du drap à 3 fr. jusqu’au drap à 60 fr. le mètre, puis aux belles moquettes et à ces tapisseries de