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heures à la remonte du fleuve, n’en mettent plus aujourd’hui que trente-huit.

Faut-il, à côté de l’industrie régulière, citer maintenant les hommes qui hantent des voies nouvelles et se jettent dans l’inconnu, souvent hélas ! à leurs dépens ? En première ligne est M. du Tremblay, qui, depuis si longtemps et avec tant de persévérance, essaie de substituer à la vapeur d’eau d’autres vapeurs, comme celles de l’éther et du chloroforme, tantôt exclusivement, tantôt en les combinant. Bien des expériences ont été faites, et tout Paris a pu voir, pendant une saison entière, un bâtiment de l’état stationnant sur les quais du Louvre, et qui ne semblait pas avoir d’autre emploi que cette destination scientifique. Il y a lieu de croire que ces recherches auront été suivies de quelque succès. Voici, dans le même sens, la découverte du capitaine Ericsson, qui n’a pas fourni une longue carrière, et que reprend aujourd’hui, avec d’autres procédés, M. Siemens, dont la machine a figuré dans les galeries de l’exposition. Le problème, dans l’un et dans l’autre cas, est la régénération de la vapeur, c’est-à-dire le rappel et l’emploi de forces perdues. Le capitaine Ericsson semble avoir échoué ; espérons que M. Siemens sera plus heureux. Il faut accompagner des mêmes vœux les inventions de MM. Sauvage et Franchot, qui ne sont encore que des projets, la machine à combustion comprimée de M. Pascal, une machine à disque de MM. Rennie, de Londres, une autre machine de M. Galy-Cazalat ; enfin la machine de MM. Maldent, qui présente un système particulier pour la distribution de la vapeur. Même quand ils s’abusent, les hommes en quête de découvertes ont droit aux respects ; ils éclairent la route et préparent le champ où sèmeront de plus habiles ou de plus heureux.

C’est tout un monde que celui des machines à feu ; c’en est un autre que celui des machines à bras. L’une des plus curieuses, et qui avait le privilège d’attirer le public, était celle qui fabriquait d’une manière presque instantanée des tuyaux destinés au drainage. On pouvait assister à l’opération entière, voir l’argile se pétrir, s’étendre, puis s’enrouler en tuyaux. Le même spectacle se renouvelait devant les appareils destinés à la filature de coton, et toutes les fois qu’ils se mettaient en mouvement, les spectateurs ne manquaient pas. Cela se conçoit. Une machine à l’état de repos est un corps dont la vie est absente ; pour y prendre intérêt, il faut en connaître l’anatomie. Il n’en est pas de même d’une machine animée ; elle captive et instruit. Aussi n’y avait-il pas de succès à attendre, à l’exposition, de l’immobilité ; en revanche tout ce qui agissait, broches, bobines, rabots, tarières, ciseaux à aléser, machines à coudre, presses d’imprimerie, avait la faveur et la vogue. C’était à l’une des