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excellens instrumens sont maintenant imités en France autant que le permettent le haut prix du fer et le peu de ressources de nos cultivateurs.

On n’a pas encore trouvé le moyen de labourer à la vapeur, bien qu’on ne cesse de le chercher. Une machine dont nous n’avons vu que le modèle à l’exposition, mais qui a paru tout entière au concours de Carlisle, celle de Usher, n’a pas réalisé les espérances qu’elle avait fait naître. C’est à recommencer. La grande affaire est d’inventer ce qui doit être substitué à l’action de la charrue, pour remuer plus profondément et mieux diviser le sol. Personne n’a jusqu’ici plus approché du but que M. Guibal, de Castres (Tarn), dont la défonceuse a reparu à l’exposition. Cet énorme rouleau en fonte, armé de dents en fer légèrement recourbées, d’environ 30 centimètres de longueur, agit comme un assemblage de pioches. Essayée devant le jury, la défonceuse a prêté à la critique ; elle exige beaucoup de force, et son travail n’a pas paru parfait. L’expérience lui est plus favorable dans le midi, où elle commence à pénétrer dans les cultures. Elle mérite qu’on ne la perde pas de vue.

Je dois dire aussi qu’on n’accorde pas, selon moi, assez d’attention à une catégorie d’instrumens très humbles en apparence, mais qui, chez nous au moins, ne sont pas à dédaigner : je veux parler de ceux qui n’ont d’autre moteur que l’homme, et qui ont pour but de faciliter le travail de la petite culture. De ce nombre sont des fourches à trois, quatre ou cinq dents en fer, destinées à remplacer la bêche et exposées par les Anglais. La Société royale d’Angleterre, qui a cependant plus de motifs que nous pour s’attacher exclusivement à la grande culture, a donné plusieurs prix à ces fourches. Elles pénètrent en terre plus facilement que la bêche, et font tout au moins un aussi bon travail. Quand on songe à l’étendue des terres travaillées à la bêche ou à la houe, les mieux cultivées du monde, on ne peut qu’attacher une importance sérieuse à tout ce qui peut économiser l’effort en maintenant l’effet obtenu. Je sais que l’usage de la fourche n’était pas complètement inconnu dans la petite culture, mais il n’était pas suffisamment répandu ; je compte sur les anglais pour la mettre plus en vogue. Je signale encore un système fort ingénieux inventé par M. Ledocte, directeur de l’école belge d’agriculture de Thourout, et adopté dans les écoles de Mettray en France et de Ruysselède en Belgique : le tout se compose de deux instrumens, un plantoir et une espèce de brouette. Le plantoir dépose dans le sol, avec la semence, la quantité d’engrais pulvérulent nécessaire pour la faire fructifier. La brouette devient successivement un rayonneur, un sarcloir, un bineur et un butoir par le changement de quelques parties. Sous toutes ses formes, elle est facilement conduite par un homme, une femme ou même un enfant. Les