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plus haut que lui sur les montagnes. Son charbon est le meilleur de tous, et son chauffage le plus agréable. Son fruit donne une très bonne huile.

Si Le châtaignier n’était pas indigène, il n’y aurait pas assez d’éloges à lui donner pour en conseiller l’importation. Cultivé, il porte des fruits excellens pour l’homme et pour les animaux. La France possède 400,000 hectares de châtaigneraies qui, dans des années comme celle-ci, ajoutent un supplément précieux à l’alimentation des campagnes. À l’état sauvage, il donne un bois abondant par la rapidité extraordinaire de sa croissance. Il y a, dans les environs de Versailles, des taillis de châtaigniers exploités pour cercles, qui portent autant de revenu que les meilleures terres arables.

Les conifères résineux ont, sur les bois feuillus, ces deux avantages, qu’ils utilisent les terres les plus stériles et les cimes les plus élevées, et que, poussant en tiges plus qu’en branches, ils fournissent plus de bois d’œuvre sur la même surface. Le sapin et son frère l’épicéa croissent au milieu des neiges, et créent dans des régions inabordables une richesse énorme. Il y a dans les Vosges et le Jura des hectares de sapins qui valent jusqu’à 50,000 francs. Les deux principales variétés de pins, le sylvestre et le maritime, viennent dans les sables arides ; le premier produit le goudron, et le second la résine. Le pin de Corse, le plus haut de tous, fournit des mâts de 40 mètres.

Le mélèze, l’orme, le charme, le noyer, le merisier, le tilleul, le Irène, l’aulne, le bouleau, le peuplier, le saule, et parmi les arbres d’origine étrangère, l’acacia, ajoutent à la variété comme à la quantité de nos produits ligneux. Il est impossible d’énumérer les profits de tout genre qu’on en retire, indépendamment de leur bois. Ici, les feuilles vertes servent à la nourriture des troupeaux ; là, les feuilles mortes sont recueillies avec soin, comme en Alsace, pour l’amendement des terres ; le fruit du merisier donne le kirsch, la fleur du tilleul est recherchée en médecine. Une foule de végétaux utiles naît sous leur ombrage. Parmi les arbrisseaux, le genévrier produit une liqueur, le fusain sert dans les arts, les plus flexibles sont employés par la vannerie ; le plus humble de tous, qui aime à se cacherait plus obscur des fourrés, la bourdaine, sert à la fabrication d’une matière qui a aujourd’hui beaucoup de débit, la poudre à canon.

Ce n’est pas non plus par l’étendue que pèchent nos bois ; nous en avons plutôt trop, car la statistique officielle en accuse près de 9 millions d’hectares, et avec les bouquets, les arbres isolés, les allées, les bordures, les pépinières, plus de 10, ou le cinquième de la surface totale du sol national. D’où vient, donc que, dans l’état actuel des choses, la France soit obligée de faire venir de l’étranger pour 70 millions de bois ? D’où vient que, sur une production totale