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LE
CHEVALIER SARTI
HISTOIRE MUSICALE


QUATRIÈME PARTIE.[1]

L’ARISTOCRATIE DE VENISE.



I.

Il y avait à Venise un grand nombre de fêtes qui avaient toutes pour objet la commémoration d’un événement important de l’histoire de la république. C’était une succession de scènes dramatiques, où la religion se mêlait à la politique pour perpétuer un souvenir glorieux et entretenir dans l’imagination du peuple le respect de sa propre tradition, source de l’amour de la patrie. L’homme, qui ne vit pas seulement de pain, ne tient au sol qui l’a vu naître que par les souvenirs du passé ; sans tradition, il n’y a pas plus de famille que de nationalité : c’est ce dont était bien pénétré le gouvernement de Venise, et sa profonde sagacité avait transformé les annales de la république en un spectacle magnifique qui se déroulait incessamment aux yeux de la foule enchantée. Aussi de tous les peuples de l’Italie le peuple vénitien est-il celui qui connaît le mieux son histoire, et on a pu voir dans les événemens de 1818 combien le culte du passé est un puissant levier pour secouer le joug de l’étranger.

  1. Voyez les livraisons du 1er  janvier et du 15 août 1854, et du 1er  août 1855.