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attribue à Aristote, mais dont l’authenticité est incertaine, on trouve le récit suivant : « Des disciples d’Hippocrate portèrent le portrait de leur maître à un excellent physionomiste, nommé Philémon, qui, sans connaître l’original, décida que l’individu dont il voyait l’image était enclin au libertinage et à la mauvaise foi. Les disciples indignés ne laissèrent pas de rapporter à Hippocrate la réponse de Philémon, et le maître déclara que tout cela était vrai, mais qu’il avait vaincu par l’étude les penchans de son esprit, et avait artificiellement obtenu ce que la nature semblait lui refuser. » Le buste que nous possédons a-t-il donné lieu à cette observation ? Le docteur Gall aurait seul pu nous en dire quelque chose. Voici, je crois, ce que l’on sait de plus positif : les bustes qui ressemblent à celui qui porte le numéro 524 sont sans indication du personnage qu’ils représentent ; mais ils sont très nombreux, et cela prouve que ce personnage était considérable. Il existe dans la collection de Fulvius Ursinus une médaille où la même figure est gravée avec le nom d’Hippocrate. Le revers porte le serpent et le bâton d’Esculape et fait mention des citoyens de Cos. C’est d’après ce profil, dont l’authenticité semble certaine, qu’on a donné au buste le nom du médecin de Cos, et en effet les deux types ont une grande ressemblance. Longtemps cette médaille a été perdue, mais M. Visconti l’a retrouvée au cabinet de la Bibliothèque impériale. Les différences qu’on a signalées entre le buste et le profil sont insignifiantes, et si l’archéologie est une science, ce doit être là la figure d’Hippocrate. Il faut remarquer cependant que les anciens, et notamment l’auteur de la vie d’Hippocrate, nous apprennent qu’on représentait toujours les médecins la tête couverte soit d’un bonnet, soit d’une draperie, et que la médaille et le buste ont la tête nue. Ce peut être un hasard ou un caprice du statuaire ; mais quant à l’usage signalé par Soranus, il est certain. Les érudits se sont exercés sur ce sujet, et je ne les suivrai pas. Je ne sais s’il faut attribuer l’habitude de relever sur la tête un pan de la robe soit à la calvitie du médecin, soit à la nécessité d’avoir les mains libres, de pouvoir sortir à toute heure ou de soigner la tête, le siège de la raison. On a été jusqu’à y voir un emblème de l’obscurité des écrits de l’école de Cos. C’est sans doute simplement un signe distinctif de la profession médicale, et on conçoit alors qu’il manque parfois sur les bustes et sur les médailles.


III

Les livres qui nous sont parvenus sous le nom de Collection hippocratique ne forment pas on ensemble’complet, un exposé de doctrines bien déduites et également développées dans toutes leurs parties. Ils n’ont pas été publiés du vivant d’Hippocrate, et contiennent