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à considérer comme faisant partie de lui-même ; elle réduisait ses forces et lui laissait à soutenir seul le poids d’une grande réputation commune. C’était un héritage lourd ; il le reçut sans en être accablé, et poursuivit, dans le même esprit les vues que renfermait le travail sur les chaleurs atomiques. Il savait que les molécules des corps matériels interviennent dans les propriétés de la chaleur. Il espérait que leur influence se retrouverait dans toutes les actions physiques, et il se proposa de la mettre en évidence par une suite de travaux malheureusement trop complexes pour que nous puissions en faire une analyse détaillée.

Quand les corps se combinent, avons-nous dit, et au moment même où la réunion de leurs atomes s’accomplit, une énorme quantité de calorique se dégage subitement, C’est ce qui arrive quand nous brûlons du charbon ou de l’hydrogène, c’est-à-dire quand ces substances se combinent avec l’oxygène de l’air. Il paraissait extrêmement probable ; que la chaleur dégagée devait avoir un rapport avec les quantités des atomes qui se réunissent. Dulong attaqua cette question en même temps que M. Despretz l’étudiait de son côté. Les résultats qu’il obtint furent loin d’être simples ; les atomes des corps, qui exigent pour s’échauffer également des quantités égales de chaleur, en produisent des proportions très différentes au moment de leur combinaison. Dulong ne put extraire aucune loi philosophique de son travail : il n’arriva qu’à la mesure de nombres dont l’intérêt est exclusivement pratique. C’est à la combinaison en effet que les diverses industries demandent le calorique qu’elles emploient, et il leur importe de savoir la quantité qu’elles en dépensent.

Dulong n’abandonna pas cependant l’idée qui dirigeait ses travaux ; il rechercha la vitesse de la lumière quand elle traverse des gaz simples ou composés. Cette vitesse était-elle ou non liée avec la composition atomique de ces gaz ? On avait pu le penser d’après les idées que Newton avait admises sur la nature de l’agent lumineux ; mais l’expérience démontra que rien de semblable ne se produit. La vitesse de la lumière ne paraît avoir aucun rapport avec la composition des gaz.

En dernier lieu, nous voyons Dulong chercher la vitesse du son dans ces mêmes gaz. Il exécuta sur ce sujet un travail où il donna plus que jamais la preuve de son habileté expérimentale, et qui à lui seul aurait suffi pour l’illustrer ; mais s’il énonça quelques résultats généraux, il ne put reconnaître aucune liaison entre la vitesse du son et la composition moléculaire. Ainsi Dulong poursuivit en vain l’idée que le travail sur la chaleur atomique lui avait inspirée. Il parvint à des mesures précieuses sur les vitesses de la lumière et du son dans les gaz, à des déterminations exactes de la chaleur dégagée par la combustion, et il apprit aux physiciens que ce n’était