Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout à vostre commandement,

ou

Tout est à vo commandement.

Vo est une forme archaïque pour vostre. Je n’accepte pas non plus la raison qu’il donne pour justifier la leçon qu’il a adoptée dans le second de ces deux vers :

Mais vous ne prisez un festu
Entre vous, riches, les pouvres hommes (v. 326).

Suivant lui, dans le commun discours, on ne tenait pas compte de l’s du pluriel ; mais, en relisant avec soin tout le Patelin, j’ai vu au contraire que partout ces s comptent quand elles sont devant une voyelle. Il n’y a d’exception qu’ici (et encore les éditions du XVIe siècle retranchent les, ce qui donne la mesure et est même meilleur pour la phrase), et dans cet autre vers :

Tant fussent-elles saines et fortes.

Ici encore M. Génin admet une prononciation populaire ; mais, pour moi, c’est autrement que je voudrais corriger le vers. Il s’agit des brebis que Aignelet assommait pour les manger, quelque saines et fortes qu’elles fussent, — après quoi il ajoute :

Et puis je lui fesoye entendit,
Affin qu’il ne m’en peust reprendre,
Qu’ilz mouraient de la clavelée.

Voilà un ilz qui me parait fort suspect. Dans ce qui précède et dans ce qui suit, il n’y a que des féminins se rapportant à brebis, et ici on trouve ilz, masculin qui ne se rapporte à rien. Je pense que ce ilz cache une faute, et qu’il faut lire el, qui est un archaïsme, pour elle ou elles. El pour elle se trouve dans le Patelin même :

Hé ! vostre bouche ne parla
Depuis, par monseigneur saint Gille,
Qu’el ne disoit pas euvangile (v. 286).

El est donc autorisé par l’usage même de notre auteur, et c’est aussi et que je proposerais dans le cas que j’ai rapporté.

S’il n’avait pas été préoccupé de ce commun parler supprimant les e muets, lequel est étranger à Patelin, M. Génin n’aurait pas laissé m’envoise dans ce vers :

… Male peste
M’envoise la saincte Magdalene (v. 308) !

Ce n’est pas m’envoise qu’il faut lire, mais m’envoie, comme au vers 1282 que lui-même cite ici. Le verbe envoyer ne peut faire envoise ; c’est une faute de copiste suggérée par une confusion avec le subjonctif du verbe aller, qui est en effet : que je voise, que je m’envoise.