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celle du Mans, à celle de Barbezieux, etc. Nous avons fait depuis longtemps pour nos volailles ce que les Anglais font maintenant pour les bœufs, les moutons et les porcs : nous les avons développées dans le sens de l’engraissement précoce et du rendement supérieur ; nous y avons ajouté la finesse, la blancheur, la saveur exquise, car en fait de goût nous sommes plus délicats, le succès universel de nos cuisiniers en est la preuve. Ce que les Anglais ont de mieux à faire, au lieu d’aller chercher des espèces extraordinaires sur les bords du Gange, en Chine ou en Malaisie, c’est d’importer nos propres espèces et nos procédés d’engraissement. Quant à nous, nous n’avons qu’à persévérer. Une seule cause contrariait chez nous le progrès de cette industrie rurale, le bas prix des produits ; elle n’existe plus.

Telle a été dans son ensemble cette belle exposition. On nous en promet de pareilles pour 1856 et 1857. C’est peut-être bien près ; il est difficile que d’ici à un an on ait à constater quelque résultat sensible. On dit que de nouveaux perfectionnemens seront introduits dans le programme. Un des plus importans consisterait à obtenir des administrations de chemins de fer le transport gratuit des animaux, comme en Angleterre. Il paraît qu’on persiste à exclure du concours les chevaux, comme soulevant des passions et des querelles étrangères à la question agricole. Cette décision est regrettable ; une exposition d’étalons et de jumens compléterait la série des animaux reproducteurs, et ajouterait à l’intérêt du concours. On a remarqué avec raison qu’il y avait des espèces de chevaux de trait et de travail qui tiennent de près à l’agriculture, et qui ne donnent pas lieu aux mêmes contestations que les chevaux de selle et de course. La Société royale d’agriculture d’Angleterre, qui exclut les chevaux de course, admet les chevaux de trait.

La proclamation des prix a eu lieu devant un nombreux concours d’éleveurs français et étrangers. Le héros de la journée a été un Anglais, M. Jonas Webb, dont les montons south-down avaient, aux yeux des connaisseurs, la palme du concours ; il a été couvert d’applaudissemens unanimes. Le lendemain, on a procédé, aux termes du programme, à la vente des animaux. La plupart ayant été cédés à l’amiable, les prix ne sont pas généralement connus ; on dit qu’ils ont été modérés. Nos éleveurs ont pu se procurer, sans de trop grands sacrifices, des types supérieurs. Malheureusement l’état d’engraissement excessif de la plupart des animaux, surtout des Anglais, ne permet pas d’en attendre de grands services pour la reproduction. Maintenant gardons-nous de nous exagérer les effets de ces concours ; ils sont utiles sans doute ; mais, comme toute chose au monde, cette utilité a des bornes. Pouvons-nous, par exemple, en attendre à bref délai une baisse sensible, dans le prix de la viande ? Je ne le crois pas. Les causes de la cherté sont trop profondes pour céder si