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France ce qu’il y a de mieux ailleurs, et qu’un grand nombre de prix ont récompense de ses efforts, avait exposé des dishleys, des costwolds et des south-downs achetés chez les premiers éleveurs d’Angleterre, et d’autres nés chez lui. On pouvait compter en tout une centaine de béliers ou brebis de race pure appartenant à des Français, sans compter ceux qui composent la bergerie nationale de Montcavrel (Pas-de-Calais), dont les produits, vendus tous les ans aux enchères, commencent à être recherchés par nos éleveurs.

Parmi nos races nationales, la première place était occupée de plein droit par les mérinos, qui comptaient près de 200 têtes, tous issus, de près ou de loin, de la belle race formée dans la bergerie de Rambouillet. Cette bergerie existe maintenant depuis trois quarts de siècle ; la richesse qui en est sortie est incalculable. Tous les pays voisins, et en particulier la Brie et la Beauce, doivent leur prospérité agricole à ces mérinos ; les départemens de Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Oise, Aisne, Eure-et-Loir, en possèdent 4 millions de têtes sur 3 millions d’hectares. Ce n’est pas encore autant qu’en Angleterre, mais pour nous c’est beaucoup. Les principaux animaux primés venaient de l’Aisne, d’Eure-et-Loir, de la Côte-d’Or, qui rivalise maintenant avec les pays plus rapprochés de Rambouillet On peut dire, et je le crois pour mon compte, que la richesse produite eût été plus grande encore, si, au lieu de s’attacher principalement à la laine, on s’était attaché à la viande, comme en Angleterre ; mais au temps où s’est formée la race de Rambouillet, la laine fine était plus demandée que la viande en France. On peut s’en assurer en comparant le prix de l’une et de l’autre à cette époque. Maintenant que la demande de viande s’est accrue, et que celle de la laine fine a plutôt diminué, les conditions changent ; mais la bergerie de Rambouillet n’en a pas moins l’honneur d’une création qui rivalise presque avec celle de Bakewell, quoique destinée à rendre d’autres services. On n’a qu’à comparer le mérinos pur, tel qu’il a été importé d’Espagne, à celui de Rambouillet, pour voir le progrès accompli en taille et en laine.

C’est encore une variété de la même race que celle à laine soyeuse, dite de Mauchamp, produit d’un accident habilement exploité, et qui montre une fois de plus ce qu’on peut obtenir avec quelque persévérance.

Le programme confondait dans une seule catégorie toutes les races françaises autres que les mérinos, et même les sous-races provenant de croisemens quelconques, soit français, soit étrangers. C’est bien peu qu’une seule catégorie pour ce qui forme encore les trois quarts de nos troupeaux. À part quelques brebis berrichonnes, flamandes et picardes, nos races pures n’avaient rien donné ; leur absence était d’autant plus regrettable, que la plupart d’entre elles ne peuvent