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de l’Océan, comme la Gironde, les Landes, les Basses-Pyrénées, ceux qui forment la riche vallée de la Garonne, ceux qui s’échelonnent sur la pente des Pyrénées peuvent encore produire assez facilement les végétaux nécessaires ; mais dès qu’on arrive sur les bords du Rhône et de la Méditerranée, la sécheresse devient excessive. Les dix départemens qui vont des Pyrénées-Orientales au Var peuvent figurer parmi les pays du monde les plus pauvres en gros bétail, et sur ces dix il en est quatre, les Bouches-du-Rhône, le Gard, l’Hérault et Vaucluse, dont on peut presque dire qu’ils n’en ont pas du tout ; ce n’est rien moins que la moitié de la région à soustraire, on ne peut compter que sur l’autre.

Dans cette moitié elle-même, les circonstances locales ne sont pas toujours bonnes ; les variétés y sont nombreuses et inégales, bien que pouvant être ramenées à un type commun. La plus belle est celle dite agenaise, parce qu’elle s’est développée dans les fertiles plaines de l’Agenais, et sans contredit, grâce à la riche alimentation qu’elle reçoit, c’est une des plus grandes, des plus fortes et des plus massives de France. Puis vient la gasconne, nourrie sur les coteaux du Gers, et par conséquent moins puissante ; la bazandaise, plus petite encore, parce qu’elle approche des Landes, mais mieux faite pour la boucherie ; la landaise proprement dite, qui a quelque rapport avec celle du Morvan ; la béarnaise, qui peuple les pâturages des Pyrénées de l’ouest, etc. Toutes sont des races de travail, énergiques, peu laitières, peu propres à l’engraissement. Il en est à qui peut justement s’appliquer cette boutade spirituelle d’un de nos agronomes : « Nous excellons à produire des bœufs de course et des chevaux de boucherie. » Ce sont en effet de véritables bœufs de course que quelques-uns de ces agiles animaux des Landes et des Pyrénées, qui prennent le trot comme des chevaux, et qui, dans les jeux populaires du pays, luttent de légèreté avec les jeunes écarteurs.

Maintenant que la demande devient plus active par l’ouverture des chemins de fer, quelques-unes de ces variétés peuvent être développées au point de vue de la viande ; d’autres, comme la béarnaise, ont des qualités laitières ; mais en règle générale elles sont plus propres à donner de la force. La nature du travail l’exige aussi bien que le climat. Les terres du midi sont plus dures à remuer que celles du nord, et le travail y est plus pénible à cause de la chaleur. Une des meilleures solutions de la difficulté, tant que la nécessité du travail subsistera, serait la distinction en deux classes, les bêtes de travail et celles de rente. Si cette distinction s’établit, le sud-ouest peut produire, en étendant ses cultures fourragères, plus de viande et de lait ; sinon il restera toujours en arrière. Les animaux envoyés au concours étaient à deux fins ; je ne crois pas que ce soit la meilleure direction à suivre, J’admets cependant