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par deux hectares. La Normandie et l’Angleterre n’en ont pas autant ; il est vrai que, pour la grosseur et le produit, une tête bovine bretonne est tout au plus la moitié d’une normande ou d’une anglaise : 34 animaux de cette catégorie figuraient à l’exposition, preuve de l’intérêt qui commence à s’y attacher. Pendant longtemps, elle a été dédaignée, à cause de sa petite taille ; mais depuis que des idées plus justes en zootechnie se sont répandues, on a ouvert les yeux sur sa valeur, et on peut dire maintenant qu’elle est à la mode. Toutes les bêtes exposées ne venaient pas de Bretagne, ce qui montre que la race attire, hors de son pays natal, l’attention des hommes spéciaux et des gens du monde. Qui ne connaît et n’aime ces jolies bêtes, au pelage noir et blanc, aux jambes et à la tête fines, à l’air doux et intelligent ?

Cette petite race est par excellence celle des landes arides ; elle trouve le moyen de vivre et de pulluler où les autres mourraient de faim. Les vaches sont peut-être celles qui donnent le plus de lait relativement à la quantité de nourriture consommée, et ce lait est excellent, surtout pour le beurre. Le beurre de Bretagne a depuis longtemps une réputation faite. À ces qualités déjà connues est venue depuis peu s’en ajouter une qu’on ne soupçonnait pas à cette race : on a découvert qu’en la plaçant dans de meilleurs pâturages, en lui donnant une nourriture plus choisie, elle engraissait rapidement, et finissait par faire à peu de frais des bœufs de boucherie, d’un rendement extraordinaire et d’une exquise qualité. Dès ce moment, sa fortune a été faite, tout le monde en a voulu, et le prix de ces petits animaux a doublé dans les lieux de production. Outre ses mérites comme race pure, elle a celui de se prêter sans difficulté à tous les genres de croisement ; elle s’unit à merveille avec la race d’Ayr et celle de Durham. L’école d’agriculture de Grand-Jouan (Seine-Inférieure) avait exposé des échantillons vraiment admirables de ces deux croisemens ; le dernier surtout parait avoir un succès exceptionnel.

Un peu au sud de la péninsule bretonne, et séparée d’elle par la Loire, mais unie encore par de grandes conformités de sol et de climat, se trouve l’ancienne Vendée. Là s’est développée une autre race dont les types principaux portent les noms de Chollet (Maine-et-Loire) et de Parthenay (Deux-Sèvres). C’est une de celles qui fournissent le plus de bœufs gras à Paris ; elle vient, sous ce rapport, immédiatement après la mancelle, comme la mancelle après la normande. Chollet est plutôt le marché où les bœufs se vendent, et Parthenay le centre du pays où ils s’élèvent. Ils sont d’une taille moyenne, faciles à engraisser, et leur viande est d’une qualité excellente. Ils étaient représentés à l’exposition par 12 animaux de pur sang. L’un