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nea, où il y a des travaux de MM. Mamiani, Tommaseo, Révère, Paravia, etc. Il peut y avoir parfois dans ces recueils italiens quelque confusion ; une chose est remarquable cependant, c’est l’effort persévérant pour rassembler des élémens d’intérêt. Or le plus vrai, le plus essentiel de ces élémens, sans contredit, est dans toutes les notions que les écrivains italiens peuvent donner, sans animosités puériles, sur les intérêts moraux et politiques de l’Italie, sur le travail incessant qui s’accomplit au-delà des Alpes. Par là ils contribueraient à rapprocher les esprits dans leur pays et à révéler au dehors l’Italie dans son unité morale et intellectuelle, la seule dont la réalisation ne promette point de déceptions terribles.

Un fait d’une certaine portée et d’un caractère tout intérieur se produit en ce moment en Suède. Le fils aîné du roi, le prince royal, est nommé vice-roi de Norvège. Le grand-gouverneur, M. de Lowensköld, déjà fort âgé, demandait depuis longtemps à se retirer. Le choix de son successeur était embarrassant. Le dernier sthorting norvégien avait paru disposé à se prononcer pour l’abolition de la dignité de grand-gouverneur. Le gouvernement suédois tenait au contraire à ne pas laisser disparaître ce lien entre les deux pays, déjà faiblement unis. La constitution norvégienne permettant de nommer vice-roi de Norvège l’héritier présomptif des deux couronnes, le roi Oscar a pris ce dernier parti. Le prince royal et sa cour résideront à Christiania à partir de l’hiver prochain. Le prince royal est jeune, ardent, assez irrité contre la démocratie norvégienne. Il lui faudra beaucoup de prudence et de tact pour ne pas choquer les susceptibilités presque républicaines de la Norvège, pour habituer le pays à la présence et à l’influence constante d’une cour ; il devra ne pas permettre à la noblesse suédoise de venir étaler ses privilèges dans ce pays libre, qui, malgré Charles-Jean, a voulu abolir la noblesse. Les journaux norvégiens semblent toutefois adopter volontiers cette innovation, dans la pensée que le futur roi de Suède et de Norvège connaîtra mieux ainsi les intérêts de leur pays.

Franchissons un instant l’Océan Atlantique : tandis que l’agitation semble commencer aux États-Unis pour la prochaine élection présidentielle, le Mexique vient d’être le théâtre d’une péripétie nouvelle. Le dictateur Santa-Anna a été contraint d’abdiquer, et il s’est embarqué le mois dernier pour la Havane. Il y avait deux ans que Santa-Anna avait été élevé au pouvoir pour sauver le Mexique. Pendant ces deux années, quel usage a-t-il fait de cette autorité suprême et absolue qu’il concentrait en ses mains ? Il a changé, il est vrai, la forme du gouvernement, il a aboli le régime fédéral, il a suspendu la liberté de la presse, il a été le défenseur de l’autorité ; mais en fait d’améliorations positives et d’œuvres pratiques, il n’a rien tenté et rien accompli. Le général Santa-Anna semble s’être principalement préoccupé de satisfaire sa vanité. Après s’être fait décerner la dictature, il avait pris le titre d’altesse sérénissime ; il s’était créé une garde et avait institué une décoration, l’ordre de Notre-Dame-de-Guadalupe, on dit même qu’il visait à rétablir l’empire d’Iturbide. Cela ne lui eût point été plus difficile que de se transformer en altesse, et cela n’eût pas duré davantage. Il y a dix-huit mois déjà, on le sait, qu’une révolution éclatait dans le port d’Acapulco, et cette révolution n’a cessé de se développer jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à