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dans le fond de la vallée, mais du côté de Siloé, trois petits édifices de forme étrange renfermeraient les restes d’Absalon et de deux de ses compagnons. Bientôt on aperçoit presque au pied du mont des Olives un mur blanc et servant de clôture à un carré de terrain sur lequel croissent en se contournant des oliviers séculaires. C’est là le jardin des Olives, qui fut la retraite favorite de celui dont la demeure est dans les cieux. Pour le coup, personne ne saurait contester que ce soit là le jardin des Olives. Quoique le mur de clôture soit moderne et qu’il puisse renfermer quelques toises de plus ou de moins que l’ancien jardin, toute cette partie de la colline est couverte de vieux oliviers, et si ce n’est pas sous l’un d’eux que s’assit le Christ pour pleurer sur Jérusalem, quelques-uns de ceux que nous voyons aujourd’hui descendent certainement de celui-là.

Un père de Terre-Sainte passe chaque jour, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, enfermé dans cet enclos; il y cultive quelques fleurs et reçoit les voyageurs que la piété ou la curiosité y attire. Ces arbres sont immenses, et de nombreux rejetons entourent leurs racines, à moitié découvertes. J’ai envié l’existence de ce moine. La solitude dans un beau jardin, sous des arbres auxquels se rattachent les plus grands souvenirs dont l’esprit de l’homme puisse être rempli, possède un charme sans égal peut-être au monde.

Un pont jeté sur le fond de la vallée où coulait le Cédron réunit la ville au mont des Olives. Ce pont et la route qui gravit la montagne séparent le jardin des Olives d’un grand monument dans lequel les restes mortels de la Vierge sont conservés. Telle est du moins la croyance de tous les chrétiens d’Orient, qui se sont disputé et se disputent encore la propriété de ce tombeau avec un acharnement passionné. La chapelle, car c’en est une, à laquelle on descend par un large escalier, est vaste et belle; mais le clergé latin n’a pas la permission d’y célébrer l’office divin. C’est derrière cette chapelle que se trouve la grotte où Jésus-Christ se serait retiré en voyant approcher les soldats qui venaient pour l’arrêter, et où il aurait été en effet saisi et garrotté. Quelques autels élevés dans l’intérieur de cette grotte sont la propriété du clergé latin.

Le mont des Olives n’est qu’une petite colline sur le sommet de laquelle s’élève une mosquée. La pierre où le Christ se tenait debout lorsqu’il fut enlevé dans les cieux, et qui garde, dit-on, son empreinte, est conservée dans l’enceinte de cette mosquée, et reçoit les hommages des chrétiens comme des musulmans. La distance de ce lieu à Jérusalem est peu considérable, et c’est de la fenêtre d’un petit belvédère attenant à la mosquée que j’ai vu la ville sainte sous son aspect, je ne dirai pas seulement le plus beau, mais le plus satisfaisant. L’œil en embrasse l’ensemble sans perdre aucun détail.