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arrestation, et d’où il entendit le chant du coq qui rappela à saint Pierre la prophétie du divin maître et sa propre faiblesse. Le premier de ces monumens est aujourd’hui la demeure d’un derviche ou d’un santon musulman, qui le souille de la malpropreté inhérente à cette misérable classe d’hommes. C’est un spectacle pénible et repoussant que celui d’un pareil lieu transformé en tanière et occupé par ce que l’humanité a de plus immonde et de plus méprisable. Il est juste pourtant d’ajouter que cette profanation n’indique ni le mépris, ni des intentions hostiles. Tout en méprisant, tout en haïssant les chrétiens, les musulmans n’étendent ces sentimens ni sur le Christ, ni sur le christianisme. C’est même probablement dans une pensée respectueuse qu’ils ont établi en pareil lieu un être que leur religion leur apprend à vénérer; mais c’est la faute des choses plus encore que des hommes, si la divine personnification de la pureté ne peut être convenablement honorée par les adorateurs des sens. Quand on a vu la demeure d’un santon, on ne peut plus douter de l’étroite liaison qui existe entre l’impureté de l’âme et celle du corps.

Le second de ces monumens, dont les Arméniens se sont emparés au détriment des Latins, qui le possédaient jadis, présente un aspect bien différent. Une petite cour pavée en marbre blanc et entourée d’un portique voûté et assez bas renferme les tombeaux des évêques de la communion arménienne. Une chapelle forme le côté méridional de la cour, et rien n’est plus élégant, plus propre et mieux tenu que l’intérieur de ce sanctuaire, tout incrusté de petits carreaux en faïence émaillée, genre d’ornement assez répandu en Orient. Une porte sur la gauche de l’autel s’ouvre sur une cellule si petite, que l’on a quelque peine à croire qu’elle ait jamais été destinée à renfermer une créature humaine. Ce serait là que le Christ aurait été laissé aussitôt après qu’on l’eut arrêté au mont des Olives. Ce n’est pas là en effet une prison proprement dite, mais un lieu passager de détention où l’on déposait les captifs jusqu’au moment de leur interrogatoire. Telle qu’elle est aujourd’hui, cette cellule ressemble au vestiaire de la chapelle d’un beau château de campagne.

En continuant de suivre extérieurement les murs de Jérusalem de l’ouest au sud, on découvre bientôt la vallée de Josaphat, qui n’est véritablement que le lit du Cédron desséché, enfermé d’un côté par la colline qui sert de base à Jérusalem, de l’autre par le mont des Olives. Un petit village arabe qui porte encore le nom de Siloé occupe le fond de la vallée à l’extrémité occidentale, là où elle commence à s’ouvrir un peu. Presque en face de ce village, au pied de la colline de Jérusalem, coule doucement l’eau de la fontaine de Siloé. Un mur quadrilatère et grossièrement construit contient d’abord ses eaux, qui vont ensuite arroser les jardins du village. Plus loin, toujours