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DES CONTROVERSES


SUR LE XVIIIe SIÈCLE




I. — Ménage et Finances de Voltaire, par Louis Nicolardot, 1 fol. in-8o, 1854.
II. — L’Église et les Philosophes au dix-huitième siècle, par P. Lanfrey, 1 vol. in-12, 1855.





Nous entrons lentement, et à notre insu, dans un nouveau XVIe siècle, qui promet, si l’on n’y prend garde, d’être aussi orageux et aussi meurtrier que son aïeul. Les idées répandues depuis trois siècles se sont transformées, comme les dents du dragon de Cadmus, en armées de guerriers ennemis rangés en présence et prêts au combat. Les faits sortent de la poussière du passé, et les morts ressuscitent pour conserver l’œuvre qu’ils ont fondée ou gagner la victoire qu’ils n’ont pu remporter de leur vivant. Personne ne s’avoue vaincu, personne ne peut s’attribuer le triomphe ; Nous avons des ligueurs fanatiques qui se croient encore sous le pontificat de Sixte-Quint, et qui rongent leur frein en attendant que la mort de sa majesté Henri IV leur permette de prendre une tardive revanche, et des huguenots courroucés tout prêts à prendre les armes contre Louis XIV. Entre eux s’interposent inutilement des universitaires jansénistes, l’âme encore émue du sort de Port-Royal-des-Champs, et des évêques gallicans qui reviennent de signer la déclaration de Bossuet. Des voltairiens, ivres des acclamations qu’ils ont fait éclater au triomphe du vieillard de Ferney, écrivent dans toute la chaleur de l’enthousiasme une apologie du grand polémiste. Que pensez-vous de l’affaire de Galas et de l’affaire du chevalier Labarre ? Êtes-vous, oui ou non, pour la révocation de l’édit de Nantes ? Voilà quelques-unes des conversations