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LE SIÈGE


DE VALENCIENNES


ÉPISODE DE L’HISTOIRE MILITAIRE DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.





Vers la fin de l’automne 1854, j’avais transféré mon quartier-général à Valenciennes. Le temps était froid et triste; le soleil ne projetait plus ses rayons que rarement sur les prosaïques labourages du Hainaut; les arbres secouaient leurs dernières feuilles, et les rossignols de la forêt de Raismes avaient perdu leur voix. Les promenades aux environs, dans les champs de colza, sur les grandes routes de Condé ou de Douai, toutes noircies de charbon et encombrées par des voitures pleines de betteraves, me parurent bientôt dépourvues de charme. Peu égayé par l’aspect de ces paysages monotones, je me repliai sur moi-même, résolu à chercher ailleurs que dans le spectacle de la nature le moyen d’ajouter quelque attrait à ma nouvelle résidence. Je rends hommage au progrès industriel merveilleux dont le département du Nord est devenu le théâtre depuis quelques années, et m’en réjouis volontiers comme bon citoyen. Cependant, l’avouerai-je? lors de mon arrivée dans notre Newcastle français, je ne me trouvai pas du tout porté à visiter les manufactures de sucre indigène, à parcourir les forges ou les usines, ni même à descendre dans les fameuses mines de houille. Peu soucieux d’interroger les secrets de leurs abîmes, je me sentais bien autrement entraîné à demander aux bastions de la vieille ville flamande quelques souvenirs d’une de ces sanglantes affaires de guerre dont ils ont été si souvent les témoins.