Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/517

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ratasbée, jusque près de Teirieh, et de là en ligne droite sur Alexandrie. La seconde suivrait à peu près le tracé de l’ancien canal des pharaons jusqu’aux lacs amers. Arrivé à ce point, on aurait le choix entre trois partis : jeter la Meu-Rouge dans le bassin en coupant le seuil de Suez, remplir le bassin avec les eaux du Nil, qu’on conduirait jusqu’à Suez, ou enfin tracer en dehors du bassin un prolongement du canal qui irait rejoindre l’ancien canal de Suez.

Le premier parti serait très économique, si la profondeur du bassin était suffisante; mais il s’en faut de beaucoup qu’il en soit ainsi. C’est tout au plus, en effet, si les bas-fonds les plus profonds arrivent à la cote 8 mètres, et la plus grande partie de la surface de ce bassin ne dépasse guère la profondeur de 3 mètres au-dessous de la basse mer. L’introduction de la mer dans les lacs amers ne produirait donc qu’un tirant d’eau insuffisant, et si ce bassin devait devenir partie intégrante du canal, il faudrait nécessairement le remplir jusqu’à un niveau supérieur de beaucoup à celui des plus hautes mers, d’où il résulte qu’il ne pourrait être alimenté qu’avec les eaux du Nil amenées par le canal lui-même. Pour augmenter autant que possible la profondeur dans le bassin et pour diminuer en même temps la tranchée de Suez, il conviendrait d’élever autant que possible le niveau de la retenue des lacs, et on pourrait la fixer à 6 mètres sans inconvénient. Seulement il serait nécessaire d’exécuter une digue du côté de Suez pour empêcher les eaux de s’écouler directement à la mer.

Au lieu de jeter la navigation dans le bassin des lacs, il serait infiniment préférable d’adopter la troisième solution en prolongeant le canal à l’ouest des lacs et le continuant sans interruption jusqu’à la Mer-Rouge. Ce système présente plusieurs avantages importans. En premier lieu, il évite les difficultés qu’entraînerait nécessairement le maintien des passes à l’entrée et à la sortie du bassin; 2° Il économise la dépense d’eau considérable qu’exigerait l’alimentation du bassin; 3° Il met la navigation à l’abri des inconvéniens que présenterait souvent la navigation des lacs.

En adoptant ce système, on resterait libre de remplir ou de ne pas remplir d’eau douce le bassin des lacs; il est probable qu’on trouverait un avantage à y jeter les eaux en excès dans les crues trop considérables, et à faire ainsi du bassin une sorte de régulateur des crues du Nil; on éviterait ainsi la nécessité d’entretenir en tout temps le niveau de ce bassin à une hauteur fixe, ce qui, dans certaines saisons, pourrait présenter des difficultés.

La longueur totale de la branche orientale du canal serait dans ce système de 212 kilomètres, dont 148 kilomètres du barrage à