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l’impossibilité de faire aucune vérification, il n’y a rien d’étonnant à ce que les ingénieurs habiles qui faisaient ces opérations dans des circonstances si exceptionnelles soient arrivés à des résultats incertains. » La discordance entre les opérations de 1799 et de 1847 s’explique donc sans peine. Au reste, une dernière vérification, exécutée en 1853 à travers l’isthme par les soins de M. Linant, est venue confirmer encore l’exactitude des opérations de 1847. D’après les chiffres publiés par cet ingénieur, cette vérification aurait donné pour le niveau du repère de basse mer à Suez une cote plus élevée de 12 centimètres seulement que celle qui résultait du nivellement de 1847.


IX. — EXAMEN DES DIVERS PROJETS DE CANALISATION DE L’ISTHME.

Les divers projets présentés pour la communication des deux mers se divisent, comme on a pu voir par l’exposé qui vient d’en être fait, en deux catégories distinctes : la première comprenant les tracés qui réunissent les ports de Suez et d’Alexandrie, la deuxième ceux qui mettent le port de Suez en communication directe avec la baie de Tineh.

La première catégorie comprend elle-même deux systèmes de tracés distincts : le premier se dirigeant, à travers le Delta, d’Alexandrie vers l’Ouady-Toumilat; le second rattachant les deux branches du canal à la retenue du barrage et franchissant le Nil en amont de cet ouvrage.

Les projets de la seconde catégorie se rattachent également à deux systèmes distincts : le premier s’appliquant à un canal à point de partage alimenté par les eaux du Nil, et descendant du point de partage vers chacune des deux mers au moyen d’écluses; le second à un canal sans écluses, mettant directement et sans obstacles intermédiaires les deux mers en communication.

Ces quatre combinaisons comprennent tous les systèmes proposés ou proposables : aussi examinerai-je chacune d’elles en prenant les résultats des opérations de 1847 pour point de départ; mais d’abord quelles dimensions convient-il d’adopter pour un canal destiné à relier les deux mers? Ce canal doit-il être disposé pour recevoir seulement les plus grands navires employés aujourd’hui par le commerce et les bateaux à vapeur de dimensions analogues, ou bien doit-il admettre les plus grands vaisseaux de guerre et les bateaux à vapeur dont les dimensions excéderaient même celles des vaisseaux de guerre .

Dans le premier cas, des écluses dont les sas auraient 17 mètres de largeur, 60 mètres de longueur et un tirant d’eau de 7 mètres