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l’Ouady-Toumilat, entre Abbaceh et Ras-el-Ouady, sur une longueur de plus de 50 kilomètres. Cet ancien lit fait aujourd’hui partie d’un canal d’irrigation dont la prise d’eau est à Zagazig, dans la branche Tanitique (canal de Moèze), et qui vient rencontrer à Ras-el-Ouady le canal appelé le Zafraneh, prolongement de l’ancien canal de Trajan, ou du prince des fidèles, canal qui a été rétabli pour l’irrigation de la partie est de la plaine entre le Caire et l’Ouady.

A l’est de Ras-el-Ouady jusqu’à Abou-Keycheyd, on retrouvait à peine de faibles traces de l’ancien canal, qui, dans cette partie, a été envahi par les sables; mais au-delà se présentaient alors, comme aujourd’hui, sur 5 ou 6,000 mètres, les restes les plus considérables de ce grand ouvrage. On y remarque en effet un large canal bien conservé, formé d’un plafond de 90 mètres de largeur et de deux digues peu élevées. La cote du plafond est seulement de 1m87 au-dessus de la mer; la hauteur des digues au-dessus du plafond est d’environ 4 mètres. On peut suivre les traces de ce grand travail jusqu’en face du santon de Cheick-Ennedy, sur une longueur de plus de 5,000 mètres; au-delà, la digue est disparaît complètement; la digue ouest se continue, mais en se relevant successivement, et avec un tracé très accidenté, jusqu’au bassin des lacs amers, qu’elle aborde par le nord-est. On retrouve le canal à l’extrémité sud du bassin des lacs amers; le tracé en est peu régulier; la largeur est de 40 à 50 mètres, la hauteur du plafond varie de 1 à 2 mètres audessus de la mer, et les digues sont plus élevées de 4 à 5 mètres. En 1799, ces vestiges se voyaient distinctement jusqu’aux ruines de Qolzoum, à 2,000 mètres de Suez; depuis cette époque, la partie qui longeait la plage a disparu entièrement par suite de l’envahissement de la mer.

Les fouilles faites dans cette partie du canal, soit en 1799, soit en 1847, constatent que le canal a été primitivement creusé à 1 mètre au-dessus de la basse mer. À cette hauteur en effet, on rencontre constamment le terrain naturel qui appartient à la formation de gypse dont j’ai déjà parlé. Quant à la partie voisine du lac Timsah, le sol étant sablonneux, les fouilles seraient sans intérêt; mais la cote actuelle du fond était dans l’origine à 1 mètre environ au-dessus de la mer.

Le large canal voisin d’Abou-Keycheyd présente les apparences de grandeur et de régularité qui caractérisent les œuvres des anciens pharaons, et si quelque portion des vestiges encore visibles peut être attribuée à Rhamsès II, c’est assurément celle-ci. Le tracé irrégulier du canal de Suez appartient évidemment à une époque bien postérieure; on a conclu de cette irrégularité que cet ouvrage était purement arabe, et que par conséquent Darius et Ptolémée n’y