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revirement annuel de valeurs engagées dans le commerce et industrie qu’on peut porter, d’après les évaluations les plus modérées, à 1,500 millions de roubles ou 6 milliards de francs.

M. Léon Faucher est trop bon financier pour ne pas saisir toute la portée de ces indications.

Pour ce qui concerne la comparaison avec le progrès du revenu public en Autriche, il y a à faire observer que l’augmentation présentée par M. Faucher n’est pas le résultat exclusif des progrès de la richesse nationale et du rendement des impôts existans, mais aussi et en majeure partie de la création de nouveaux impôts après les événemens de 1848 et de l’augmentation de quelques taxes déjà existantes, mais plus encore de l’introduction du système général d’imposition dans les provinces hongroises, qui ne participaient que faiblement aux charges de l’état avant la révolution de 1848. Cet état de choses résulte clairement du chiffre relatif de l’augmentation : elle a été, en 1850, de 22 pour 100; en 1851, de 11 pour 100; en 1852, de 10 pour 100, et en 1853, de 5 pour cent. Il y a d’ailleurs à faire observer qu’on ne peut pas comparer le revenu public de l’Autriche, avant et après la révolution de 1848, sans tenir compte de la dépréciation des billets de banque, qui constituent la monnaie courante du pays, et qui perdent encore maintenant 18 à 20 pour 100 malgré le grand emprunt national dont un des buts principaux était d’en relever le cours, de sorte que la somme totale des revenus de l’état, portée en 1852 à 226 millions de florins, équivalait à environ 180 millions avant 1848.

8° Même page. « Cependant le Moniteur, sur des données dont le gouvernement français a sans doute vérifié l’exactitude, évalue à 800 millions de francs les recettes annuelles du trésor moscovite. La moitié de ces recettes étant fournie par la ferme des eaux-de-vie et par les droits de douane, le Moniteur suppose que la guerre actuelle et le blocus des deux mers amèneront un déficit de 50 millions de roubles ou de 200 millions de francs, en calculant le rouble au pair, dans le produit de ces deux branches d’impôt. »

M. Léon Faucher est un financier trop éclairé pour ne pas voir que cette évaluation du déficit dans les deux branches du revenu en question est exagérée, et il la réduit à 100 millions de francs.

L’auteur de l’article inséré dans le Journal de Francfort du 9 juillet dernier évalue le maximum possible de la diminution du revenu, par suite de la guerre actuelle, à 20 pour 100 sur le produit des douanes, ce qui ferait, sur une somme d’environ 30 millions de roubles-argent, 6 millions, et à 10 pour 100 sur le produit des fermes du débit des boissons, dont il n’y aurait à défalquer, d’après cette évaluation, que 8,200,000 roubles, de sorte que ces deux non-valeurs présumées représenteraient ensemble un déficit de 14,200,000 roubles, ou moins de 57 millions de francs. Or, d’après les renseignemens puisés en dernier lieu à des sources authentiques, on peut affirmer dès à présent que la réduction sur la ferme des boissons sera, sinon nulle, au moins très insignifiante. Les contrats de ferme conclus provisoirement, en dernier lieu, pour les années 1855 et 1856, pour un grand nombre de gouvernemens, loin de présenter une diminution, donnent au contraire une augmentation de quelques centaines de mille francs sur le revenu effectivement perçu en 1853.