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d’autres faits entièrement controuvés, l’auteur a porté à 700 millions de francs les fonds déjà dévorés par la guerre, — somme dont l’exagération est évidente par elle-même, indépendamment des erreurs qui viennent d’être indiquées.

En rectifiant les faits signalés par M. Léon Faucher, nous ne prétendons pas vouloir prouver que la Russie puisse soutenir la guerre actuelle avec les ressources ordinaires, car aucun état ne se trouve dans l’heureuse position de pouvoir le faire.

L’Angleterre, dont la dette publique absorbe déjà en intérêts et amortissement près de la moitié du revenu de l’état, puise les ressources de la guerre dans l’augmentation des impôts.

Le gouvernement français a contracté un emprunt de 250 millions de francs, déjà épuisé, et qui doit être suivi d’un second emprunt, plus considérable, dit-on, que le premier.

L’Autriche, pour couvrir son déficit ordinaire et pour se préparer aux éventualités de la guerre, vient de contracter un emprunt national de 1 milliard 250 millions de francs, et la Prusse, dont les finances sont dans l’état le plus prospère, a dû également avoir recours, quoique dans une moindre proportion, à cette ressource extraordinaire pour se maintenir dans une attitude appropriée à la gravité des circonstances.

Il est donc naturel que la Russie aussi, ayant à soutenir une guerre contre trois puissances, ait été obligée d’augmenter sa dette flottante et de contracter un emprunt qui n’est encore qu’en partie réalisé ; mais l’emploi effectif de toutes ces ressources extraordinaires aux besoins de la guerre n’atteint pas la moitié du chiffre auquel il a été porté par les évaluations de M. L. Faucher, et la charge en résultant n’est nullement en disproportion avec les ressources du pays. Sans parler d’immenses propriétés de l’état, telles que biens-fonds, forêts, lavages aurifères, salines, usines, etc., qui peuvent servir d’hypothèque à la dette publique, il suffira d’alléguer ici qu’en dernier lieu, c’est-à-dire dans le budget de 1854, l’intérêt et l’amortissement de la dette flottante et de la dette consolidée ne prennent que 21 1/2 pour 100 des revenus ordinaires de l’état, proportion bien moins désavantageuse que celle que présente la dette publique de tous les autres principaux états de l’Europe, à l’exception de la Prusse.

5° Page 742. « La réserve monétaire de la forteresse, qui était encore au mois de mars, suivant le Moniteur, de 116 millions de roubles (464 millions de francs), peut supporter, j’en conviens, des réductions ultérieures; mais cette ressource ne conduira pas bien loin : une nouvelle saignée de 30 millions de roubles (120 millions de francs) faite à ce grand dépôt métallique mettrait en péril la solidité de la circulation, dès à présent fort compromise. »

Nous n’avons qu’à répéter ici ce qui a déjà été dit plus haut, que le gouvernement n’a pas touché pour les dépenses extraordinaires au fonds de réserve métallique de la forteresse, qui ne diminue et n’augmente que selon le mouvement des caisses d’échange, c’est-à-dire selon que le montant des billets apportés à l’échange excède les nouveaux dépôts en numéraire qu’on vient convertir en billets et vice versâ.

Ce fonds s’élevait au mois de mars dernier non à 1 4 6, mais à i 39,9 18,000