Pour étudier le développement des lois de la nature dans le monde
entier, les observateurs ont parcouru les diverses régions, et ensuite
les théoriciens, en rassemblant les faits analogues, ont pu en conclure les principes généraux qui forment le beau domaine de la géographie physique. Il semble néanmoins que, pour saisir les mille détails dont se compose tout ce qui se rapporte au climat de chaque
lieu de la terre, les études faites par un habitant de chaque pays sans
les inconvéniens d’un voyage rapide, de l’ignorance de la langue et
de la nouveauté des objets, offriraient à la connaissance de la vérité
plus de chances favorables que la manière trop habituelle d’observer
en courant. En un mot, comme l’ont fait plusieurs auteurs grecs qui
nous ont laissé des descriptions de la Grèce, il serait avantageux que
la France fût parcourue par un Français, la Grande-Bretagne par un
Anglais, et ainsi des autres pays, à la condition cependant que ces
voyageurs indigènes fussent préparés pour leurs recherches locales
comme on l’est ordinairement pour l’exploration des pays étrangers.
En effet, quand on visite les provinces même voisines de Paris, on
est frappé de circonstances remarquables relatives à la chaleur, à
l’arrosement naturel, à l’humidité, aux brouillards, à la qualité
du sol et à ses productions, enfin aux divers modes dont ce sol est
exploité par les habitans, sans compter les rivières qui se perdent
sous terre, les précipices et accidens de terrain, les effets curieux