Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
RUBENS


SA VIE ET SES ŒUVRES





Anvers et Cologne se disputent l’honneur d’avoir donné naissance à Rubens. Ce procès durait depuis deux siècles, quand M. Bakhuisen van der Brink est venu le trancher, en réduisant à néant les prétentions de Cologne et d’Anvers. Anvers, il est vrai, n’avait jamais produit d’argumens d’une grande valeur; mais les droits de Cologne semblaient solidement établis, car si Rubens ne dit nulle part : Je suis né à Cologne, il dit formellement : Cologne, où j’ai été élevé jusqu’à l’âge de dix ans. Or on sait d’une manière certaine que son père, Jean Rubens, jugea prudent de quitter Anvers, sa ville natale, où il remplissait les fonctions d’échevin, en 1568, pour aller se fixer à Cologne avec sa femme, Marie Pipeling. Cologne servait alors de refuge aux martinistes, c’est-à-dire aux luthériens et à ceux qu’on soupçonnait d’attachement aux doctrines nouvelles. Comme Rubens est né en 1577, et que sa mère, Marie Pipeling, n’est revenue à Anvers qu’en 1587, après la mort de Jean Rubens, on avait tout lieu de penser que Cologne revendiquait justement l’honneur d’avoir donné naissance à l’un des plus grands peintres dont l’histoire ait gardé le souvenir. Cette revendication semblait si légitime, que Cologne n’avait pas hésité à l’inscrire en lettres d’or sur une plaque de marbre noir. On lit en effet au-dessus de la porte d’une maison de très modeste apparence, rue des Étoiles : Ici naquit Pierre-Paul Rubens, et plus loin : Ici mourut Marie de Médicis; mais les recherches patientes de M. Bakhuisen ont décidé la question en faveur de Siegen, ville du duché de Nassau. Par des, actes juridiques, par la