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ÉTUDES


SUR


L’ART EN ITALIE





LE CORRÈGE.






Vasari, qui publiait pour la première fois ses biographies vingt-huit ans après la mort d’Antonio Allegri, vulgairement appelé le Corrège, a recueilli sur ce peintre éminent plusieurs traditions populaires qui sont aujourd’hui démenties par des monumens authentiques. Tiraboschi, Pungileoni, Affo, ont interrogé avec une persévérance qu’on ne saurait trop louer les archives des couvens et des églises pour lesquels Antonio avait travaillé; ils ont compulsé avec une patience monastique tous les recueils d’actes publics ou privés où figure son nom, et l’on peut croire qu’ils ont épuisé toutes les sources d’information. S’ils n’ont pas fait une riche moisson, s’ils n’ont pas pleinement contenté la curiosité légitime qui s’attache aux hommes de génie, ils ont du moins redressé plus d’une erreur, et les anecdotes qu’ils ont glanées dans le champ du passé ne sont pas sans intérêt. Il n’est guère probable que les biographes futurs parviennent à faire de nouvelles découvertes sur ce terrain fouillé avec tant d’ardeur et de soin, et nous devons renoncer à l’espérance de connaître dans tous ses détails la vie d’Antonio Allegri. Les trois écrivains que j’ai nommés ont poursuivi leur tâche avec un dévouement patriotique. Considérant à bon droit la gloire d’Allegri comme une partie de la