Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/1124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croissante et une lumière diminuant jusqu’à l’extinction; — au-delà du rouge, de la chaleur sans lumière. Quelle supposition pourrait-on faire pour expliquer des résultats si inconséquens[1] ? »

Il serait facile de prolonger ces citations en opposant à Herschel ses propres argumens; nous aimons mieux faire connaître les expériences qui avaient si profondément modifié ses croyances.

Le physicien anglais avait rassemblé une série considérable de lames différentes; les unes étaient les verres blancs que l’on fabriquait de son temps; les autres, des cristaux naturels; les dernières, les verres colorés dont on garnit les vitraux des églises. Chaque substance interposée dans le trajet de la lumière en arrêtait une partie et laissait passer l’autre. Herschel mesura avec toute l’exactitude possible la portion qui passait et la portion qui était interceptée. Arrivant aux mêmes épreuves pour la chaleur, il trouva que les mêmes substances en arrêtaient une partie (il la détermina), et qu’elles en éteignaient une autre qu’il calcula. Pour varier ces recherches autant qu’il le pouvait, il employa les diverses sources calorifiques connues : le soleil, une chandelle, un foyer ordinaire ou un poêle de fer chauffé sans être rouge. Ce travail considérable comprend deux cent vingt expériences diverses : Herschel les résuma dans des tableaux, et plaça en regard de chaque substance les nombres qui expriment les proportions de chaleur et de lumière qu’elles arrêtent.

Nous l’avons déjà dit, il ne faut pas chercher dans ces expériences une exactitude parfaite. Quand on discute les méthodes d’observation, on reconnaît qu’elles ne pouvaient pas être précises, et cependant, quand on parcourt l’ensemble des résultats, on y reconnaît un caractère général de vérité. Si on se contente de raisonner d’une manière générale sur les indications ainsi obtenues, on est conduit à des conséquences vraies; mais si on les prend comme des expressions numériques exactes et qu’on en déduise des lois mathématiques, ces mêmes indications cessent d’être justes. Supposez qu’on ait donné à Herschel, au lieu d’un thermomètre paresseux, un instrument plus délicat, plus propre à suivre les phénomènes et à les mesurer : il est incontestable que la question eût été résolue finalement par lui, et que, raisonnant sur des bases vraies au lieu d’appuyer ses argumens sur des valeurs peu exactes, il n’aurait point si brusquement abandonné la véritable théorie, qu’il avait prévue et devinée, pour une opinion sans fondement, qu’il a finalement et malheureusement adoptée.

Une des premières remarques que l’on puisse faire sur le résumé de ces expériences, c’est que les rayons calorifiques émanés des

  1. Philosophical Transactions, 1800, page 508.