Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/739

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES


FINANCES DE LA GUERRE





I.


LES FINANCES DE LA RUSSIE.





La guerre que suscite la question d’Orient est une de ces rares occasions dans lesquelles l’intérêt national, se manifestant avec évidence à tous les yeux, doit imposer silence aux passions de parti et même aux convictions les plus étroitement liées à la personnalité humaine. Il y va, pour l’Europe, de l’indépendance de plusieurs peuples, de l’équilibre général des forces, de l’avenir de la civilisation. C’est là une cause juste et grande. L’opinion publique le proclame, avec une autorité irrésistible, en isolant le gouvernement russe et en le laissant sous le poids du blâme universel ; mais ce qui domine tout, les armées sont en présence. Au moment où les flottes combinées occupent la Mer-Noire et la Baltique, où les troupes de la France et de l’Angleterre, après avoir couvert la capitale de l’empire ottoman, ayant les soldats d’Omer-Pacha pour avant-garde et pour arrière-garde les bataillons autrichiens, vont refouler les légions moscovites, quel Français digne de ce nom, quelque opinion qu’il garde sur le caractère et sur la conduite du gouvernement, ne ferait des vœux pour le succès de nos armes ?

Au point de vue politique, un résultat immense nous est dès à présent acquis. La coalition qui menaçait à toute heure nos intérêts ou nos frontières, dont les traités de 1815 étaient la plus haineuse