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Il commença ses études à sept ans, et profita tellement qu’avant sa neuvième année il était capable de faire sur ce thème : Audaces fortuna juvat, une oraison d’une page et cinquante ou soixante vers en un jour. À cet âge, il quitta la maison de sa grand’mère, qui l’avait élevé. On désirait surtout qu’il apprit la langue galloise, sans laquelle il n’aurait pu se faire entendre de ses tenanciers ni de beaucoup de ses amis. Il fut envoyé dans le Denbigh, auprès d’un maître qui savait le latin, le grec, le français, l’italien et l’espagnol, et un an plus tard à Didlebury (Shropshire), près d’un M. Newton, qui lui montra assez de grec et de logique pour le mettre à douze ans en état d’entrer à Oxford, au Collège de l’Université.

Les études classiques sont encore réglées, dans la plupart des pays de l’Europe, sur le plan adopté du XVe au XVIe siècle, et l’on s’est plaint souvent du temps considérable qu’elles prenaient à la jeunesse, pour ne lui laisser qu’une connaissance assez imparfaite des langues de l’antiquité. Sans doute, à ces plaintes il a été fait des réponses solides. Cependant on doit observer qu’à l’époque où l’instruction des écoles a été ainsi ordonnée, un temps beaucoup moins long était de fait consacré aux travaux du collège, et rien n’est plus commun dans l’histoire des contemporains des Estienne ou des Casaubon que de voir terminer à quatorze ou quinze ans, et même plus tôt, les cours de rhétorique et de philosophie. Jusqu’en 1789, on pourrait citer en France des exemples d’éducations qui nous sembleraient aujourd’hui singulièrement hâtives, et lorsqu’on mettait un jeune gentilhomme aux académies, c’est-à-dire lorsque, à seize ans au plus tard, on l’envoyait se former aux exercices du corps, il avait souvent terminé ce qu’on appelait alors des études complètes. Généralement la société moderne se défie un peu de la jeunesse, et elle retarde volontiers l’âge où elle permet à ses membres l’honneur de la servir.

Toujours est-il que le jeune Édouard Herbert se distingua par une précocité peu commune. Il était encore à Oxford, lorsqu’il perdit son père, et sa mère reçut presque aussitôt pour lui une proposition de mariage. Sir William Herbert de Saint-Gillian’s, héritier du comte de Pembroke, avait laissé à sa fille, toutes ses propriétés du Monmouth et de l’Irlande à condition qu’elle épousât un gentilhomme du nom d’Herbert. Mary avait atteint sa vingt et unième année, lorsqu’elle se maria, le 28 février 1598, avec son cousin Édouard, qui n’avait pas seize ans, et qui retourna avec sa mère et sa femme à l’université, ayant ainsi, dit-il, une défense contre les désordres auxquels la jeunesse n’est que trop portée. À dix-huit ans, il entra dans le monde, vécut un peu à Londres, beaucoup à Montgomery-Castle, et tandis que sa femme lui donnait coup sur coup des enfans (il en