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merveilleux dans l’organisation et l’administration d’un si vaste empire par une intelligence du premier ordre, atteignant le but qu’elle s’était proposé après un demi-siècle d’efforts, et léguant à la postérité l’exemple, unique en Orient, de sa bienfaisante grandeur. Il y avait donc là, au moins dans notre conviction, quelque chose à faire qui n’avait pas été fait encore, et c’est ce que nous avons tenté. Dans l’intérêt des populations de l’Hindoustan, dans l’intérêt des Anglais, aujourd’hui maîtres après Dieu dans l’Hindoustan, comme l’est un capitaine à bord de son navire, dans l’intérêt enfin du monde civilisé, nous avons essayé de rendre pleine et entière justice au caractère du grand homme dont nous avons retracé la vie si glorieuse, et surtout à la solidité des principes qui l’ont guidé dans le gouvernement de l’Inde.

Cette double étude du caractère et des institutions des Hindous, du caractère et des institutions d’Akbăr, se liait inévitablement à l’examen du système de gouvernement que la conquête anglaise a graduellement introduit dans les contrées situées entre l’Indus et l’Irrawady, l’Himalaya et le cap Comorin. Nous avons abordé cette partie de notre travail avec la ferme volonté de discuter la valeur des témoignages qui se rapportent à cette grave question aussi impartialement que nous avions exposé la nature essentielle et la portée politique des deux autres. Nous la terminons avec la conviction profonde que la domination de la Grande-Bretagne dans l’Inde, l’un des plus grands faits accomplis que l’histoire ait jamais eu à enregistrer, est la seule qui puisse, dans l’état actuel du monde, et pour bien des années encore, satisfaire aux conditions du problème compliqué que présente l’administration d’une population mixte aussi considérable et aussi intelligente que l’est celle de l’Hindoustan. Notre conviction cependant repose, avant tout, sur la haute opinion que nous avons conçue de la sagesse du parlement anglais. Il aura compris dans ces derniers temps la nécessité absolue de gouverner les Hindoustanys par la tolérance et l’exemple des vertus chrétiennes plus encore que par l’énergie, par l’ordre, le sentiment de l’organisation et la science administrative et militaire qui caractérisent si particulièrement l’Europe moderne. Que les Anglais dans l’Inde demeurent chrétiens, mais que leur influence intellectuelle et morale s’exerce à l’avenir par des bienfaits. Si la conversion des Hindous doit s’opérer un jour, ce sera par cette voie. Le devoir d’un gouvernement sage sera non-seulement de respecter le caractère et les habitudes des Hindous, mais de les faire servir à la régénération des masses, en faisant comprendre aux peuples de l’Inde que les bases de leurs institutions, que le sens primitif et réel de leurs dogmes religieux, aujourd’hui ignoré ou incompris par la plupart d’entre eux, sont en