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Chaque pied cube d’eau par seconde suffit à l’irrigation de 218 acres[1] ; mais, attendu qu’un tiers seulement des terres en culture a besoin d’être arrosé, cette eau suffirait à l’irrigation de 654 acres, ou à peu près un mille anglais carré, d’où il est facile de conclure que le tribut obtenu des rivières de l’Himalaya arrosera et fertilisera au besoin 24, 000 milles carrés. Si l’on applique des calculs analogues aux autres systèmes fluviaux, on est amené à reconnaître que plus de quatorze millions d’acres seront ou mieux cultivés ou rendus propres à la culture par l’exécution des travaux de canalisation déjà entrepris. Des lignes de chemins de fer sont en voie d’exécution dans les trois présidences. La communication par télégraphe électrique est établie sur plusieurs points et embrassera dans peu de temps un développement de 3,150 milles. Les importans travaux trigonométriques qui laisseront pour monument scientifique à jamais célèbre le grand Atlas de l’Inde seront aussi terminés dans trois ou quatre ans.

On le voit, les travaux de l’administration anglaise dans la voie des intérêts matériels sont considérables. Suivons-la maintenant sur le terrain de l’enseignement et des intérêts moraux.


III. — DE L’ENSEIGNEMENT ET DE L’INFLUENCE EUROPÉENNE CHEZ LES HINDOUS.

Le niveau de l’instruction parmi les indigènes tend à s’élever de plus en plus, grâce aux encouragemens et aux facilités que présente l’admission des enfans (en certains cas des deux sexes) dans les écoles fondées ou soutenues en partie par le gouvernement. Les progrès paraissent être surtout remarquables dans les provinces du nord-ouest et à Bombay, où (indépendamment de treize mille jeunes gens ou garçons répartis dans les diverses écoles de la présidence) l’on ne compte pas moins de cinq cents jeunes filles, hindoues et parsis, qui reçoivent une éducation élémentaire presque européenne.

Les rapports officiels du bureau ou conseil d’éducation (board of education) de Bombay pour les années 1849, 1850 et 1851 ont fait connaître les améliorations déjà introduites ou proposées dans la pensée d’étendre aux différentes classes de la population indigène les bienfaits d’une éducation solide et morale. Ces rapports contiennent des détails d’un haut intérêt sur les diverses branches de l’enseignement dans cette partie de l’Inde. Le conseil d’éducation était placé à cette époque sous la présidence d’un magistrat très éclairé, sir Erskine Perry, juge suprême à la cour de Bombay. L’institution Elphinstone, à Bombay, comptait au 30 avril 1851 neuf cent

  1. L’acre vaut à peu près deux cinquièmes d’hectare.