Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE
PALAIS DE CRISTAL
DE SYDENHAM


À MONSIEUR LE DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.


Paris, 28 juin 1854.

Je viens de visiter le palais de cristal de Sydenham, mon cher monsieur, et je voudrais vous donner quelques détails sur ce monument extraordinaire si digne de fixer l’attention publique. Je n’ai pas la prétention de décrire tout ce que renferme cette immense exposition, bien plus grande que l’exposition de Hyde-Park en 1851. Douze ou quinze volumes ont à peine suffi pour les catalogues des diverses spécialités que renferme le palais. Vous comprendrez que je ne cherche point ici à résumer ces catalogues. J’ai un autre but, moins ambitieux, mais plus utile peut-être ; il m’a semblé qu’un aperçu sur l’ensemble de l’entreprise suffirait pour donner à beaucoup de mes compatriotes le désir de voir ce que je renonce à raconter ; il m’a semblé aussi que l’idée qui a donné naissance à la magnifique exposition de Sydenham méritait bien d’être mise en lumière et appréciée dans notre pays.

Pourquoi aimons-nous si peu à voyager, nous autres Français ? Est-ce indolence, paresse, orgueil qui nous persuade que le bien n’est que chez nous, et que nous n’avons rien à apprendre ailleurs ? Qu’y a-t-il d’étonnant au reste que cette terre de France, si attrayante pour toutes les nations, n’ait pas de moindres charmes pour ses habitans, et qu’un Français ait autant de peine à sortir de France qu’un étranger a de plaisir à y venir ? Au reste, je suis le premier à