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DE
LA PHILOSOPHIE
DE L’ORATOIRE


I. — Philosophie. — De la Connaissance de Dieu, par A. Gratry, prêtre de l’Oratoire de l’Immaculée Conception ; 2 vol. Paris 1853.
II. — La Théodicée Chrétienne d’après les Pères de l’Église, ou Essai philosophique sur le Traité De Deo du père Thomassin, par Louis Lescœur ; 1 vol. Paris 1852.

On éprouve un peu d’embarras à traiter dans un recueil les sujets religieux. Le respect craint de ne pas en parler dignement, et n’ose insister, de peur de les compromettre en causant de l’ennui. Nos lecteurs les plus sérieux ne nous demandent pas sans doute ce qu’ils doivent croire sur ce qu’il y a de plus important et de plus auguste, et ils pourraient bien trouver une solennité hors de place dans les travaux qui trancheraient du sermon. Il règne de plus aujourd’hui une certaine timidité d’esprit qui souffre, qui s’inquiète de voir aborder, même à bonne intention, des questions qu’elle aime mieux supposer résolues que résoudre, et beaucoup se croient sages de pratiquer en matière grave la philosophie du silence. Aussi ne le romprions-nous point pour notre part, si nous n’y étions excité et comme forcé par de plus autorisés et de plus habiles, auxquels il nous tarde de rendre hommage et justice. L’ouvrage qui sera le principal sujet de cette étude n’est point de ceux qu’on peut laisser passer négligemment. Il n’arrive pas assez souvent qu’il paraisse des écrits où, comme dans celui-ci, l’esprit par le éloquemment au cœur, pour que la critique puisse s’en taire et ne pas ajouter en quelque sorte à la