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Les extraits que nous avons déjà donnés de l’Ayîn-Akbăry, principalement en ce qui touche à la réforme du culte et-à l’administration des revenus territoriaux, suffisent pour montrer le mélange singulier d’enthousiasme religieux et d’esprit philosophique, de larges vues et de minutieuse ponctualité dans la pratique des affaires, qui distingue le caractère d’Akbăr et celui de son ministre. Quelques citations relatives à l’administration générale de l’empire, à l’organisation de la cour moghole, quelques détails sur les habitudes du grand empereur, compléteront l’ensemble des renseignemens qui nous paraissent indispensables à une appréciation générale du gouvernement d’Akbăr.

«Celui-là est noble entre tous, dit Abou’l-Fazl, qui sait commander à ses passions et se conduire avec une égale convenance envers les hommes de toutes les classes de la société… — Le plus noble exercice du pouvoir suprême, dit-il encore, consiste à améliorer les mœurs, à encourager et perfectionner l’agriculture, à régler convenablement les différentes branches de l’administration et à entretenir une armée bien disciplinée. Il est impossible d’atteindre ces résultats si désirables sans s’étudier à mériter l’affection des peuples par une sage administration des finances et la plus stricte économie dans les dépenses de l’état. Quand on ne perd pas de vue ces conditions indispensables, les différentes classes de la société jouissent d’une égale prospérité. » Cette théorie gouvernementale repose évidemment sur la notion d’un pouvoir absolu, mais paternel. La pratique y répondit pendant toute la durée du règne d’Akbăr ; mais ce ne fut qu’à dater de la vingtième année de ce règne que l’assiette de l’impôt fut définitivement établie, et à dater de la quarantième, que le système entier du gouvernement reposa sur des règlemens et institutions régulièrement promulgués. C’est à cette dernière époque qu’il faut rapporter la division de l’empire en gouvernemens ou soubahs. Il n’y en eut que douze dans l’origine. Voici comment Abou’l-Fazl expose cette partie importante de l’œuvre gouvernementale d’Akbăr :